Parmi les rêves que l’on a en s’installant au Québec, pouvoir admirer une aurore boréale arrive sûrement dans les premiers. Le phénomène lumineux aux teintes vertes, bleues et parfois rouges, fascine mais reste rare lorsque l’on s’éloigne des pôles. Le 10 mai dernier, tout le monde n’avait d’yeux que pour les aurores boréales, visibles partout, y compris depuis Montréal et la France. La raison : une année exceptionnelle pour l’activité solaire, à l’origine du phénomène. Mais il n’est pas forcément trop tard. Maudits Français vous explique la meilleure manière de les observer.
Depuis le début de l’année 2024, les habitants du Québec sont chanceux. Entre l’éclipse solaire totale et un épisode extraordinaire d’aurores boréales jusque dans le sud de la province, le ciel livre de fascinants spectacles. Et cela devrait continuer.La prudence est cependant de mise : les prédictions d’aurores boréales sont relativement peu précises. « Ces phénomènes sont beaucoup plus difficiles à prévoir que les éclipses solaires qu’on peut prédire à la fraction de seconde près, prévient Marie-Êve Naud, astrophysicienne, coordonnatrice à l’éducation et au rayonnement de l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes de l’Université de Montréal. Pour les aurores, ça dépend de beaucoup de facteurs. Quand on dit qu’il y a de bonnes chances qu’on en revoit, c’est qu’un des facteurs pour avoir des aurores autant au sud, c’est d’avoir une période où le soleil est très actif. » Ce qui est présentement le cas.
Tous les 11 ans, le soleil termine un cycle où son activité est bien plus dense que d’ordinaire. Une donnée essentielle, car les aurores boréales se forment grâce à ce qu’on appelle le vent solaire. « Ce sont de toutes petites particules chargées électriquement qui sont propagées partout autour du soleil et viennent à la rencontre du champ magnétique terrestre », définit Marie-Êve Naud. Le champ magnétique de la Terre repousse ce vent solaire, mais une partie se dirige vers les pôles, là où le champ magnétique est plus faible. C’est là, en rencontrant les molécules présentent dans l’atmosphère, que se forment les aurores boréales. Cette activité du soleil se mesure grâce à l’observation des taches solaires. Certains sites internet comme celui de Space Weather Live ou celui de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) compilent cette donnée avec d’autres afin d’évaluer les probabilités que les aurores boréales se produisent.
« Il y a quand même moyen de les observer sans forcément étudier la chose de manière très poussée », rassure Jérémie Leblond-Fontaine. En tant que photographe de nature, il a eu plusieurs fois l’occasion d’immortaliser des aurores boréales. En plus d’une activité solaire hors norme, il faut que la météo soit clémente et l’obscurité de la nuit soit totale. « Le concept, c’est de trouver un endroit qui n’a relativement pas de pollution lumineuse », explique le photographe en conseillant de se reporter à cette carte de la pollution lumineuse en ligne. Il faut ensuite que cette vue soit dégagée vers le nord, comme sur un lac ou dans un parc naturel. Car, sauf cas exceptionnel, comme le 10 mai 2024 où les aurores boréales s’observaient dans toutes les directions, le phénomène s’observe en direction du pôle d’où il provient. Plus on s’approche ou on regarde vers le cercle auroral, plus on a de chances d’en voir. « Dans les endroits comme Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest), il y en a à l’année de manière plus ou moins intense, ça fait partie du ciel nocturne », s’exclame Marie-Êve Naud.
« Il va toujours y avoir une différence entre la photo et la réalité parce que l’appareil laisse rentrer beaucoup plus de lumière que notre œil qui est moins sensible », détaille le photographe Jérémie Leblond-Fontaine. Pour photographier les aurores boréales, un appareil photo est essentiel. En mai dernier, le phénomène était si fort qu’il était possible de le photographier à l’aide d’un téléphone, mais ce n’est pas le cas la plupart du temps. « Il faut un objectif avec une grande ouverture pour laisser rentrer beaucoup de lumière, conseille Jérémie Leblond-Fontaine. Ensuite, il faut laisser l’appareil photo prendre la pose pendant plusieurs secondes, à l’aide d’un trépied. C’est ce qui permet de voir les couleurs beaucoup plus vives sur la photo qu’à l’œil nu. » Sur son blog, Jérémie Leblond-Fontaine détaille toutes ses astuces pour observer et prendre de belles photos d’aurores boréales.
La chasse aux aurores boréales étant de plus en plus populaire, les endroits pour les observer sont précieux et certains sont même payants. Si Jérémie Leblond-Fontaine ne veut pas révéler ses coins favoris, c’est pour éviter la foule. Le photographe met en garde : « S’il y a 5, 10 ou 20 personnes avec des lampes frontales autour de vous, on voit leurs lampes sur les photos. »
Quoi qu’il en soit, l’occasion de voir les aurores boréales devrait se présenter à nouveau, même si à Montréal et au sud du Québec, la probabilité est forcément plus faible. « On sait que dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, il y aura un pic d’activité solaire. À la base, il était prévu début 2025, mais ils sont en train de réviser leurs calculs, en disant que ce sera surement avant, mais sans savoir quand. C’est souvent après qu’on se rend compte que le pic d’activité solaire était là », alerte Marie-Êve Naud. En plus qu’être renseigné, il faudra aussi un peu de chance pour vivre l’expérience des aurores boréales.