Les dernières réformes en matière d’immigration au Canada ont provoqué une onde de choc. Beaucoup de personnes, déjà installées sur place, se voient dans l’obligation de trouver rapidement une issue pour renouveler leur permis et rester à tout prix sur le territoire. D’autres sont au pied du mur et optent pour l’ultime option, le retour en France, à cause de démarches de plus en plus complexes et souvent jugées trop onéreuses. Récit de plusieurs Français qui doivent faire face à ce choix cornélien !
Chloé a pris sa décision, ça sera un retour définitif à la fin de son PVT : « mon retour en France était une évidence. Je ne veux pas me mettre dans une situation de précarité en attendant un assouplissement ou en priant pour avoir un second PVT (via des Organismes reconnus), tout en dépensant des milliers de dollars ». Constance s’est aussi faite à l’idée, elle a pris son billet retour le 29 novembre prochain, « je suis forcément déçue, car c’est dur de devoir partir contre son gré… Je prévois de voyager deux mois et après de trouver un emploi en France et recommencer ma vie. »
D’autres sont encore dans l’incertitude, mais pensent de plus en plus à rentrer. C’est le cas d’Elodie et son compagnon, « on arrive pas à se décider, on nous impose plus ou moins nos dates de retour alors qu’on aurait aimé prolonger un an ou deux ans supplémentaires. C’est de l’argent et c’est stressant, c’est comme avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête ». Mais pour certains, ce retour est encore très difficile à imaginer, « au début je ne réalisais pas, maintenant je me rends compte que je risque de repartir en France et laisser mon conjoint ici. J’ai rencontré un Québécois, ça fait un an et quelques mois qu’on est ensembe, ça nous rend malade. On étudie toutes les possibilités dont le parrainage. Mais la procédure est complexe et coûteuse… », se confie Romane.
Ces réformes ont également entrainé la « descente aux enfers » de personne comme Tiffany, installée depuis juillet 2023 à Lévis, avec sa famille. Ces derniers ont vécu un enchainement de mauvaises circonstances qui font qu’aujourd’hui, c’est le coup de massue pour eux, « je vis très très mal cette situation, nos enfants se sentent bien ici, on a investi tout notre argent et maintenant on nous prie de partir… c’est insensé… notre vie de rêve est ici, on n’a pas le droit de nous l’enlever ! ». Romane est aussi envahie par l’incompréhension, « ils veulent resserrer les vis en matière d’immigration très bien, mais qu’ils fassent une exemption pour ceux qui sont déjà sur place… J’ai cette impression qu’ils sont venus nous chercher pour au final nous mettre dehors, c’est vraiment pas correct ». Malgré son départ assumé, Chloé ressent aussi une part de colère et pense que ces mesures sont une erreur politique, « le Québec va perdre en crédibilité auprès de ceux qui veulent immigrer pour un long moment. Même si le gouvernement fait marche arrière dans quelques mois, je ne suis pas sûre que ça répare toutes les erreurs faites aujourd’hui ».
Le retour laisse place aussi à beaucoup d’appréhension : « Tout quitter une seconde fois c’est compliqué. Vais-je retrouver un emploi rapidement ? Vais-je réussir à trouver un appartement facilement ? Vais-je retrouver ma place?… », se questionne Chloé, des doutes qu’elle avait déjà bien connu en s’installant au Canada. Pour Romane, ce retour serait très mal vécu, elle ne se voit plus y vivre, « ma vie est au Canada. Je devrais rebâtir tout en France…». Quant à Constance, elle essaye de rester optimiste : « je suis au Canada que depuis deux ans et demi, alors que pour d’autres c’est plus compliqué et doivent rentrer après plusieurs années (…). Je fais confiance en la vie ! »
En attendant, les plus téméraires persévèrent dans leurs démarches et en viennent même à espérer un miracle pour pouvoir rester. Tiffany se laisse jusqu’à fin d’année 2024 pour trouver une solution, « notre meilleure chance serait de décrocher un emploi dans une autre province en permis de travail fermé, mais après trois mois de recherches, malgré beaucoup d’envois de CV et d’entretiens, j’en suis toujours au même point… idem pour mon mari. On attend un miracle… ». Romane, elle aussi, n’est pas prête à baisser les bras et va continuer sa procédure de parrainage avec son conjoint, mais malheureusement pour elle, sans aucune garantie !
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