Elle était annoncée depuis quelques jours, cette nouvelle “bordée” de neige : plus de 50 cm dans les rues de Montréal tombés en quelques heures vendredi, des tourbillons de flocons dans le ciel et les pieds qui s’enfoncent au petit matin sur les trottoirs pas encore déneigés de la ville. Le silence dans les artères à l’heure – pourtant – de pointe, un métro bien moins chargé, les bottes et la tuque qui n’ont jamais autant été nos meilleurs partenaires… quand en France, certaines villes flirtent avec des températures qui feront éclore sous peu les premiers bourgeons dans les arbres.
Ici, le charme de l’hiver québécois – et des galères qui l’accompagnent parfois -, opère chaque année et s’apprivoise finalement. Montréal ne serait pas Montréal sans cette blanche et épaisse couverture cristalline qui recouvre les balcons, sans les escaliers et perrons des maisons à déneiger, sans son vieux quartier si majestueux, et sans cette orchestration si bien rodée des déneigeurs venant sortir la ville de son piège blanc.
Certains “Maudits Français” racontent leurs meilleurs et pires souvenirs qu’ils conservent de ce spectacle captivant que la ville blanche offre chaque hiver.
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Les pluies verglaçantes
“Je me souviens de mes premières pluies verglaçantes, confie Quentin Richard. Je travaillais sur Côtes des Neiges et en finissant mon “shift”, je suis tombé en descendant la côte de Sainte-Catherine ! Ça reste un bon souvenir malgré la chute. Il n’y a rien eu de grave, juste un bel hématome. Plus de peur que de mal au final. J’en ai rigolé tout seul après dans le métro car je me repassais la chute dans ma tête et c’était drôle.”
L’armada des camions
“Je suis arrivée au Québec en septembre 2010. À la première grosse bordée de neige, je n’arrêtais pas de regarder le spectacle de mon balcon qui se remplissait, témoigne Coralie. C’est le lendemain soir que l’armada des camions a débuté. Ça a commencé par les petits engins sur les trottoirs. C’était la première fois que je voyais un déneigement de rue, j’ai passé ma soirée à la fenêtre. C’est ensuite le tour des charrues (en bon québécois) qui tracent des lignes tout le long de la rue. Mais quand la danse des camions opère avec la soufleuse et leur gros spot de lumière, et de voir leur synchronisation en attendant l’un derrière l’autre de se remplir, je trouve ça fabuleux à regarder ! Même dix ans après, il m’arrive encore de les filmer. J’habitais dans Hochelaga sur la rue Saint-Germain mais j’ai déménagé à Québec cet été, et j’habite dans une petite rue de Saint-Jean-Baptiste, où le spectacle montréalais me manque.”
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Un ange tombé du ciel
“Mon pire hiver ? Deuxième année dans ma maison, en congé parental, donc je n’avais pas engagé de déneigeur, raconte Stéphanie. Je m’étais dis : “Je suis jeune, en forme, pas obligée de sortir tôt le matin puisqu’en congé parental”…. Grosse erreur ! Ce fut l’année 2007-2008, le record de neige. J’ai tellement eu mal au dos que mon voisin avait parfois pitié de moi et venait avec sa souffleuse. Un ange tombé du ciel ! Ce sera l’hiver le plus mémorable.”
Un moment de grâce
“Après huit ans à Montréal, il y a toujours un sentiment mêlé d’excitation et de douceur en pleine tempête comme aujourd’hui (hier, NDLR). Un moment de grâce suspendu dans le temps, témoigne pour sa part Mélanie. Les rues sont calmes malgré la circulation, le bruit des pas sur la neige, la blancheur du paysage est tellement apaisante et le ballet des déneigeuses est un sacré spectacle orchestré ! Pour moi, c’est le meilleur moment pour ralentir le rythme et regarder les flocons tomber en buvant un thé sous un plaid !”
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La porte coincée dans la glace
David Gauthier n’a pas oublié ce dimanche de janvier 2019 où il s’était mis en tête d’utiliser sa voiture… garée dans la cour. “Je n’avais pas imaginé que la porte de la cour donnant sur la ruelle serait coincée par la neige mais aussi la glace ! J’avoue qu’elle était restée fermée depuis plusieurs semaines. J’ai tenté de faire bouillir de l’eau, d’utiliser un marteau pour casser la glace mais rien à faire : la porte ne voulait pas s’ouvrir. J’ai dû reporter mon déplacement et j’en souris aujourd’hui !”
La tempète de verglas
Arrivé en territoire québécois il y a 27 ans, Christophe Verhest a connu de nombreux hivers. “Nous sommes arrivés le 31 octobre 1993 et le lendemain, 10 cm de neige sont tombés ! Je me souviendrai toujours de ce premier hiver rigoureux, et de ma belle-mère qui sortait fumer par -35degrés. Mais le plus dur, ce fut sans aucun doute en 1998, avec deux enfants en bas âge, sous 5 ans. L’année de la tempête de verglas. Ça s’est abattu sur le Québec durant trois semaines. Le moindre déplacement devenait compliqué. Nous n’avions plus de chauffage dans l’appartement ! Les conditions étaient vraiment difficiles et on se sentait impuissant. Tout devenait compliqué : aller faire les courses, aller travailler… C’est l’hiver le plus froid que j’ai dû connaître mais je garde en mémoire les décors féériques. Ça reste un bon souvenir car cela a permis de créer des liens de solidarité incroyables avec les collègues et voisins, mais ce fut vraiment une aventure !” Aujourd’hui, ce Français originaire du Nord est un vrai Québécois d’adoption qui n’hésite pas à aménager une véritable patinoire dans le jardin !
La tempête de verglas (bis)
Xavier aussi se souvient parfaitement du mois de janvier 1998. “Je suis arrivé le 6 janvier 1998, et je m’en souviendrai toute ma vie ! C’est vrai qu’il faisait froid. C’était la fameuse année de la crise du verglas. Comme je n’avais aucun comparatif, je pensais que c’était la normale, j’étais au Québec, il faisait froid, pour moi c’était logique. J’ai même trouvé ça le fun ! Pour vrai, ce n’étais pas facile de se déplacer, j’allais travailler à pied. Je me souviens aussi qu’au début, n’ayant pas les accessoires adaptés, j’avais plutôt froid. Mon pantalon était gelé. C’est en suivant les informations à la télévision que j’ai compris que la période était en fait exceptionnelle, que c’était une crise du verglas inédite.”