« Mes amies vétérinaires en France voyaient que je n’étais pas heureuse [là-bas]. Elles voient qu’ici j’ai trouvé ma place », racontre Virginie Courtiol, aussi connue sous le nom de Beurguy, 35 ans, dont la passion pour les animaux l’a d’abord amenée à exercer la médecine vétérinaire. Au fil des années, et d’une vie professionnelle rythmée par les gardes de nuit, elle se découvre une passion pour le théâtre, et commence à se former. En 2019, Virginie intègre l’école Orchestra, à Marseille, qui abrite un comédie club et « c’est une révélation ». L’année suivante, elle tente une première fois le concours de l’École nationale de l’humour (ENH), redouble d’efforts et réussi finalement à sa deuxième tentative. En août 2021, elle pose les pieds à Montréal pour la première fois, une semaine avant le début des cours, « trop contente d’être dans la Mecque de l’humour ».
Dès sa première année à l’ENH, Virginie commence à se produire lors de soirée open-mic dans des comédie clubs comme Le Terminal ou Le Bordel, dans le but de se préparer au spectacle de fin d’année au Club Soda. « L’école donne une carte de visite qui permet d’avoir des spots dans des places cool, » explique-t-elle. Pendant l’été 2022, elle se produit à Paris, dans des lieux comme Le Paname et Le Fieald, encore grâce à cette carte de visite. Si elle appréhende les réactions du public français à certaines de ces blagues, notamment celles sur l’avortement, la recette fonctionne. « J’ai été nommée artiste de la semaine au Fieald, donc ces blagues-là sont bien passées, » raconte-t-elle.
De retour à Montréal à la fin de l’été, Virginie est invitée au Gong Show. « C’est un open-mic où chaque participant a trois minutes pour faire des blagues, détaille-t-elle. Mais les juges peuvent frapper le gong avant la fin de la période si tu n’es pas drôle. » Quelques jours avant la 100e édition du Gong Show, son père décède. L’humoriste monte quand même sur scène et se sert de son passage comme d’une thérapie. « Le dimanche suivant, mon père devait être incinéré, mais le matin du show, je reçois un appel du crématorium pour me dire qu’on doit repousser parce qu’il y a eu un incendie, raconte-t-elle. J’ai fini mes trois minutes de blagues en improvisant sur le sujet, et les gens ont hurlé de rire. » Le juge invité, Mike Ward, renchérit. « Ça m’a fait du bien de me faire roast par lui sur la mort de mon père, confie Virginie. C’était tellement violent que ça ne pouvait que me faire rire, il y a quelque chose de salvateur dans l’humour noir. »
Peu de temps après, le Minifest retient son concept de Roast France-Québec, des duels composés d’un humoriste français et d’un humoriste québécois ont cinq minutes pour enchaîner les punchlines. À la fin de la soirée, le pays le plus drôle est désigné vainqueur. « On va se dire nos quatre vérités, mais dans l’amour et dans la bienveillance, complète Virginie. On aime s’haïr, et on haït qu’on s’aime autant. » Le concept séduit, et se renouvelle tous les deux mois lors des soirées Ben Voyons du Coup, également créées par Beurguy. « Le nom est un petit clin d’œil, explique-t-elle. C’est pour montrer que ce n’est pas juste une soirée entre Français, mais je vous aime, que je veux m’intégrer. »