Lunettes noires, moustache, cheveux gominés. On a rencontré le géant (au sens propre et figuré) de la musique électro française depuis 20 ans, Arnaud Rebotini, juste avant son live au Festival MEG de Montréal. Rencontre avec un musicien électro libre et césarisé.
“Je suis venu quatre ou cinq fois à Montréal déjà, il y a assez longtemps en fait ! C’était pour un réveillon du 31 décembre, il y a au moins 6 ou 7 ans”, nous lance l’artiste multi-casquettes qui a décroché le César de la meilleure musique originale pour le film de Robin Campillo, “120 battements par minute”.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le duo Rebotini-Campillo fait mouche, ils avaient déjà collaboré ensemble pour la BO de “Eastern Boys”. “J’aime ce qu’il fait, j’aime ses films, j’aime ses histoires”.
C’est aussi en ces termes qu’Arnaud Rebotini avait commencé son discours pour remercier Robin Campillo lorsqu’il a obtenu le fameux César. Très ému, il en avait profité pour rendre un vibrant hommage à Act Up. “Si la musique de “120 battements par minute” a une profondeur, c’est qu’elle est la voix de ceux qui sont morts, qui ont perdu des proches, qui se sont battus et qu’on n’a pas voulu entendre. Je dédie ce prix à ces héros oubliés, d’hier et aujourd’hui, Act Up existe toujours et le sida n’est pas qu’un film.”
Interrogé sur sa nouvelle vie à 120 à l’heure (pardon), Arnaud Rebotini n’y trouve rien à redire. “Le film a mis un petit coup de projecteur sur ma carrière passée, il y a tout un truc de sympathie autour du film et donc de ma musique. J’en profite, c’est hyper agréable !”, raconte le Français qui a accepté de faire la musique du film de “120 battements par minute” avant même le tournage commencé.
Techno dénuée d’ordi
S’il se retrouve en live à Montréal cette année, c’est qu’il a été repéré par Mustapha Terki, le directeur du MEG qui l’a invité après l’avoir vu en concert à L’Aérosol à Paris en mars dernier. Arnaud Rebotini a donc saisi sa chance de raviver la flamme avec son public canadien. “Je ne sais pas si c’est dû au côté un peu plus festif et détendu des Québécois mais je trouve que les Montréalais sont moins coincés que les Parisiens ! Je m’attends donc au meilleur pour ce soir”, a confié l’auteur, compositeur, interprète et producteur nancéien.
Au programme de son live : un concert électro où tous les morceaux — seulement ceux qu’il a lui-même écrits — s’enchaînent. “Tout sera réalisé sur des machines vintage, sans ordinateur avec une grosse part d’improvisation”, raconte l’artiste qui trouve le concept excitant. “C’est ça qui me plaît : de pouvoir improviser, d’être libre, de jouer, et de ne pas seulement passer des disques, même si je conçois que c’est une autre forme d’art.”
Ses sources d’inspiration canadiennes ? “Neil Young comme tout le monde avec ce côté un peu plus américain de la musique canadienne. Céline Dion ? Pas trop non…”. À surveiller en 2019 : son nouvel album en préparation.