Maudits Français ose tout, même farfouiner dans votre porte-monnaie. Notre rubrique « Porte-monnaie » est destinée à vous faire parler de vos finances. Notre première “victime” ? Fanny Mallet*, gérante d’une boutique indépendante de vêtements pour femmes à Montréal. La jeune femme de 27 ans nous a parlé de son train de vie sans langue de bois.
Cela fait maintenant trois ans qu’elle travaille dans la boutique mais un an et demi qu’elle a repris la gérance. « Je suis là pour runner la business et faire du cash ! », nous lance la Française lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait au quotidien, du lundi au samedi précisément. Du cash (du sien), parlons-en justement.
Recettes
Son emploi de vendeuse lui rapporte 1 800 dollars net par mois, sachant qu’il s’agit d’un salaire variable sur objectifs. « Avec mes commissions, je peux prétendre gagner 10 000$ de plus par an en moyenne », estime Fanny Mallet qui considère ses commissions comme des pourboires. « Je fonctionne comme ça : j’ai un salaire de base de 1800$ et mes commissions sont des extras, c’est comme si j’étais en service et que j’avais du pourboire en plus« , raconte la jeune femme qui paie son loyer et ses courses avec son salaire de base. « Sans commissions, j’aurais du mal à boucler mes fins de mois. »
Après avoir vécu quelques temps à Paris, elle estime que le coût de la vie est plus cher à Montréal, quand bien même les loyers sont relativement peu élevés (tout dépend encore du quartier). « Les salaires sont peut-être meilleurs mais tout est plus cher : les courses, les fringues, le téléphone, etc. Le pouvoir d’achat est beaucoup plus bas ici », confie Fanny Mallet avant d’avouer qu’elle se serre souvent la ceinture. « Il y a des moments où je fais vraiment attention : quand je vais au resto, je prends le plat le moins cher, en soirée, je bois un peu moins, etc. »
Dépenses
Installée depuis 3 ans à Montréal, elle vit dans un 4 et demi du côté de la Petite Italie. « J’ai un loyer de 850$ par mois, charges comprises ! Je vis beaucoup dans mon quartier, c’est aussi là que je sors ».
Pour faire des économies, elle fait de plus en plus ses courses à la semaine. Il y a un an, elle a même commencé à s’abonner aux paniers des Fermes Lufa pour le côté pratique mais aussi pour les produits frais locaux. « Ce n’est pas plus cher que d’aller faire son épicerie, contrairement à ce qu’on pense et cela permet de mieux budgétiser« , raconte l’épicurienne qui constate que sa facture augmente facilement de 15$ à 20$ en ajoutant du poisson ou de la viande. « Je dépense entre 30$ et 40$ par semaine pour mes courses en comptant les repas que je prépare quand j’invite des amis à manger, c’est très correct. »
Sa facture la plus salée ? Celle de son téléphone. « Même en payant 90$ par mois pour 8 Go, ce n’est pas assez ! Je dépasse souvent mes données et ma facture s’élève en réalité à 140$ par mois, au final. Ça ne fait aucun sens le prix de la téléphonie ici« .
Pour les transports, là encore pas facile d’économiser, elle paie 85$ par mois pour sa carte STM. « Je prends le métro tous les jours et je prends parfois le taxi en sortant de soirée, surtout l’hiver », explique-t-elle. D’ailleurs, son pêché mignon, quand elle sort : le vin (évidemment). « C’est une grosse dépense ! (rires) Ça coûte une blinde mais il faut repérer les endroits où c’est moins cher ! » Parole de bonne vivante.
Côté loisirs, Fanny Mallet dépense moins en vêtements qu’en sorties (concerts, théâtre, etc). « Entre septembre et octobre, j’ai dépensé environ 500$ en sorties culturelles. Je dois faire 3 à 4 sorties par semaine en moyenne. En même temps, il y a de quoi faire à Montréal ! », lance la vendeuse qui en profite tant qu’elle peut, sans trop (s’)économiser.
Là où elle ne dépense pas « tant que ça » en revanche : pour les voyages. « Mon astuce c’est de payer mes billets d’avion mais d’être hébergée chez des potes sur place. J’ai toujours fait ça ! », raconte Fanny Mallet, maline, qui part à Vegas pour les fêtes et peut-être bientôt à Londres.
Interrogée sur son épargne, la pré-trentenaire avoue surtout mettre de côté pour payer sa résidence permanente. « J’ai déjà payé 800$ pour le CSQ, là j’attends la suite ! J’ai hésité à prendre un avocat mais financièrement, ce n’était pas possible. » Idem pour les assurances, elle a appris à s’en passer. « Avec mon job, je n’ai aucune assurance et mes déplacements ne sont pas remboursés. C’est ce qui pourrait me faire partir d’ailleurs ! », rapporte Fanny Mallet qui ne peut pas changer d’emploi actuellement, à cause de son visa (NDLR : elle a un permis de travail fermé).
Consciente qu’elle est payée deux fois moins que ce qu’elle vaut réellement sur le marché, elle n’y prête pas trop attention. Et pour cause. « Un gérant de boutique gagne en moyenne 50 000$ à 60 000$ par année. À court terme, moi je vise surtout de ne plus être l’employée de personne ! », explique celle qui a déjà son projet bien en tête. On n’en saura pas plus.
Si elle envisage de devenir un jour propriétaire, elle sait que ce ne sera pas pour tout de suite. « J’ai des amis qui ont un meilleur salaire que moi, le double en général, mais qui ne peuvent pas acheter : les banques ne prêtent plus aussi facilement qu’avant, encore moins aux célibataires comme moi », raconte Fanny Mallet qui estime qu’il faut gagner, en moyenne, 100 000$ par an pour acheter actuellement.
Enfin, c’est peut-être le système de santé qui la pousserait à mettre le plus d’argent de côté. Sage idée. « Si tu n’as pas d’assurances complémentaires, j’ai l’impression que tu as toujours besoin d’avoir 2000$ de côté. (…) Il me paraît même vital d’avoir un coussin de 5000$ prêt à sortir au cas où il t’arrive quelque chose : perte d’emploi, problème de santé, etc. »
Et vous combien vous gagnez ? Comment vous dépensez ? Laissez-nous vos impressions en commentaires.
* Le nom a été modifié
