La campagne municipale est officiellement lancée au Québec. Le dimanche 2 novembre, les électeurs seront appelés à choisir celles et ceux qui dirigeront leur ville pour les quatre prochaines années. Si c’est votre première élection municipale au Québec, voici l’essentiel pour vous y retrouver.
1. Il faut être citoyen canadien pour voter
Contrairement à la France, où les citoyens européens peuvent voter aux élections municipales s’ils sont inscrits sur une liste électorale, au Québec seuls les citoyens canadiens de 18 ans et plus peuvent participer au scrutin. Il faut aussi résider dans la municipalité depuis au moins six mois.
2. Vous élirez plus qu’un maire
Au Québec, le bulletin de vote ne s’arrête pas au nom du maire. Les électeurs choisissent aussi les conseillers municipaux. Et dans les grandes villes – Montréal, Québec, Longueuil, Lévis, Saguenay et Sherbrooke – on élit aussi :
- les maires d’arrondissement (pour chaque grand quartier),
- et les conseillers d’arrondissement, qui s’occupent d’enjeux très locaux comme les parcs ou les bibliothèques de quartier.
3. Les municipalités sont autonomes
Au Québec, les municipalités bénéficient d’une grande autonomie. Contrairement à la France, aucun préfet n’est chargé de surveiller ou d’approuver leurs décisions au quotidien.
Selon Caroline Patsias, professeure au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal, cette liberté alimente parfois la compétition entre administrations municipales. « On a toujours placé Montréal contre le reste des municipalités. Il faut arrêter de penser comme ça. L’ensemble des maires doit pouvoir se parler pour développer des synergies de développement », insiste la politologue.
Ce sont donc les conseils municipaux et les maires qui gèrent directement des dossiers clés comme le déneigement, le logement et le transport en commun.
Cette autonomie a toutefois ses limites. Contrairement à la France, où les municipalités peuvent créer plusieurs types de taxes, au Canada leur marge de manœuvre fiscale est réduite : la taxe foncière demeure leur principale source de revenus. « C’est pour cela que toute réforme territoriale est difficile : dès qu’une municipalité perd du territoire, elle perd aussi une partie de ses revenus », explique Caroline Patsias.
De plus, les municipalités canadiennes sont juridiquement considérées comme des « créatures d’une province ». En théorie, une province peut fusionner, scinder ou même abolir une municipalité à sa guise. Dans les faits, ce pouvoir est rarement exercé, mais il existe bel et bien. Certaines villes créées autour de sites miniers ont été démantelées lorsque leur raison d’être a disparu. C’est le cas de Gagnon, fondée en 1960 à 300 km au nord de Baie-Comeau, puis entièrement démolie en 1985 après la fermeture de la mine locale.
4. Des partis municipaux, pas nationaux
C’est une grande différence avec la France. Les candidats québécois se présentent parfois sous les couleurs de partis municipaux, propres à chaque ville. À Montréal, deux noms dominent : Projet Montréal (le parti de la mairesse sortante Valérie Plante) et Ensemble Montréal (principal parti d’opposition)
Ces partis n’ont pas de lien officiel avec les partis provinciaux ou fédéraux, même si leurs idées peuvent rappeler la gauche ou la droite. Ils existent principalement pour mener à une victoire et n’ont pas vocation à être pérennes, selon Caroline Patsias. Selon la professeure, cette organisation participe à la fragmentation politique du pays : « Ça donne plus d’autonomie, mais ça crée aussi plus de concurrence. »
5. Le vote par anticipation
Les électeurs peuvent voter avant le jour officiel du scrutin grâce au vote par anticipation. C’est pratique si vous travaillez ou êtes en déplacement le 2 novembre. Vous pourrez donc voter le dimanche précédent, le 26 octobre.
Vous n’êtes pas disponible le 2 novembre ? Pas de souci : vous pouvez voter plus tôt grâce au vote par anticipation. À Montréal, il aura lieu le dimanche 26 octobre – idéal si vous êtes en voyage ou que vous travaillez le jour du scrutin.
6. Les candidats à la mairie
- Soraya Martinez Ferrada – Ensemble Montréal – Slogan : « Écouter et agir »
- Luc Rabouin – Projet Montréal – Slogan : « Pas de slogan. Que des solutions »
- Craig Sauvé – Transition Montréal (nouveau parti) – Slogan : « Avec courage, pour Montréal »
- Gilbert Thibodeau – Action Montréal
- Jean-François Kacou – Futur Montréal
7. Les enjeux à surveiller
Dans le contexte actuel, les grands enjeux pour la ville de Montréal seront sans surprise la question du logement, de la rénovation des infrastructures – la grande problématique des travaux, et la transition environnementale – qui passe par le transport collectif et les pistes cyclables, notamment.
Voici les programmes des candidats :
– Soraya Martinez Ferrada (engagements par quartier)
– Luc Rabouin (priorités)
– Craig Sauvé (visions)
– Gilbert Thibodeau (programme)
– Jean-François Kacou (site internet)
Un premier débat s’est tenu la semaine dernière à la Grande bibliothèque de Montréal. D’autres suivront pendant la campagne.