C’est demain ! En concert aux Francos de Montréal ce mardi 18 juin, Tiken Jah Fakoly est un chanteur très engagé. Inspiré par Bob Marley, luttant pour la libération de l’Afrique, dans son nouvel album il s’engage cette fois-ci pour le climat. Car comme il le dit, ‘‘Le monde est chaud’’, beaucoup trop chaud.
Tiken Jah Fakoly est un habitué de Montréal. La ville l’accueille à chaque nouvel album et le chanteur ne s’en lasse pas. Car il ressent ici ‘‘une chaleur spéciale’’, qu’il ne peut pas expliquer. ‘‘5 minutes avant le concert, je sens la salle trembler et je me rends compte que je suis à Montréal.’’ Une vibration, une plus grande sensibilité du public ? Tiken Jah Fakoly ne saurait le dire mais il ne peut pas passer trois ans sans se rendre dans cette belle ville.
Fakoly était lieutenant auprès d’un empereur d’Afrique de l’Ouest au XIIIème siècle. C’était aussi l’ancêtre du chanteur. Tiken Jah Fakoly a voulu inclure son ancêtre dans son nom de scène pour ‘‘raconter son histoire et parler de lui’’. Car ‘‘un homme qui connait son histoire sait forcément où il va !’’
Le but de Tiken Jah Fakoly ? ‘‘Continuer le combat de Bob Marley, porter la voix des sans-voix et chanter la voix de l’Afrique’’. Un message ‘‘essentiel’’ selon lui pour tout chanteur de reggae, dont ‘‘l’essence même est l’engagement’’.
Tiken vit entre le Mali et la Côte d’Ivoire sans compter ses tournées européennes. Il a investi à Abidjan, créant dans le même immeuble que le studio, la “Radio libre Fakoly” et des salles de répétition. À Bamako, en Guinée ou au Burkina, Tiken se sent chez lui : ‘‘Je suis Africain’’, clame-t-il. ‘‘Le jour où tous les pays africains travailleront ensemble, l’Afrique pourra gagner ses combats.’’
‘‘Quand l’Afrique va se réveiller…’’, chantait Tiken Jah Fakoly en 2014. Un rêve qui ‘‘lentement mais sûrement commence à se réaliser’’. En partie grâce au reggae, estime le chanteur : la musique a permis d’aborder des sujets tabous dans les sociétés africaines. Une des chansons phares de Tiken Jah Fakoly, ‘‘Non à l’excision’’ a ainsi permis d’éveiller le débat sur le sujet.
‘‘Le reggae a permis de développer la liberté d’expression et la démocratie’’ déclare celui qui pense que tout passe par l’éducation. Selon lui, les populations africaines seraient ‘‘manipulées par les politiciens en place et le système occidental’’. L’Afrique est un des continents les plus riches en ressources, avec des populations parmi les plus pauvres. ”C’est un paradoxe qui mérite d’être réparé’’, assène-t-il. Une fois que la majorité de la population sera alphabétisée, ‘‘les Africains seront en mesure de réclamer leurs droits’’, conclut-il, plein d’espoir.
Néo-colonialisme, droit des exilés, esclavage moderne… Tiken Jah Fakoly est engagé. Pour son nouvel album, il s’attaque à la question du climat et du réchauffement climatique. Si le ‘‘monde est chaud’’, c’est à cause ‘‘du déni’’ dans lequel plongeraient nos dirigeants, d’après lui. ‘‘Les décideurs refusent de prendre des décisions pour que le monde se porte mieux !’’
“Je vois leurs manigances, leurs calculs politiques. Je sais leur arrogance et leur vision cynique”. Tiken Jah Fakoly n’y va pas de main morte pour dénoncer l’inaction politique des dirigeants au sujet du réchauffement climatique. ‘‘Si les dirigeants ne bougent pas, c’est à nous de les faire bouger.’’ Très inspiré par les manifestions pour le climat, Tiken Jah Fakoly incite tous les citoyens à se mobiliser et à ‘‘jouer leur part’’. Grâce à un featuring avec Soprano, il espère ‘‘toucher un public plus large’’ parmi des gens sans accointances avec le reggae.
Au-delà des messages politiques véhiculés dans ses musiques, l’artiste veut aussi mettre à l’honneur les sonorités africaines dans ses chansons. Pour l’enregistrement de son 11e album, il est retourné à Abidjan, dans sa Côte d’Ivoire natale. Un retour aux sources pour le chanteur exilé à Bamako au Mali depuis 2003 en raison de menaces de mort. Pour cet album, il a voulu ‘‘retrouver la vibration du reggae africain”, explique-t-il.
Tiken Jah Fakoly accompagne les paroles de ses chansons par des actes concrets. Il a ainsi pris part à la marche du siècle le 16 mars dernier à Gap (Hautes-Alpes). Grâce au projet ‘‘Un concert, une école’’, six établissements d’enseignement ont été construits en Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger et Mali. Le rêve du chanteur serait de pouvoir en construire une dans chaque pays africain.
Tiken Jah Fakoly utilise des mots simples pour délivrer son message. A ses textes, il aoute une musique entrainante, aux sonorités africaines. Car pour lui, “faire passer des messages pour changer le monde est aussi important que faire danser les gens !”
Retrouvez nos “maudites questions” à Tiken Jah Fakoly juste ici :