Elle a osé. Marie Grange est l’heureuse propriétaire d’Oztudio, un peu caché sur le boulevard Saint-Laurent (ne cherchez pas d’enseigne, elle n’existe pas). Espace de formation le jour, bar privé le soir, cet endroit chaleureux où des pagaies habillent les murs — symboles ultimes de l’entreprenariat selon la maîtresse des lieux*, pourrait bien devenir votre nouveau terrain de jeu. À une seule condition : passez à l’action.
“Je ne veux personne qui reste passif ici !”, lance d’emblée celle qui ne mâche pas ses mots. Après un tour du monde et la découverte du Québec entre temps, elle décide d’y rester. Notamment pour le côté réseautage. “Au Québec, j’avais été agréablement surprise par le fait que les gens partageaient facilement des contacts de qualité, cela m’avait beaucoup marquée”, se souvient la diplômée d’école de commerce qui a déchanté une fois installée à Montréal.
“C’est fou que les événements de réseautage soient aussi plates ! Je n’aime pas l’événementiel froid”, lâche la trentenaire. “Souvent, on parle de “réseautage” mais en réalité ça se réduit à une salle, une date et peut-être une activité brise-glace peu ou pas appliquée…”, raconte celle qui s’y connaît. Le meilleur exercice pour créer des liens ? Aller à un réseautage et se débrouiller. “Mais à un moment donné, les entrepreneurs ont aussi un temps limité, donc il faut leur faciliter un peu la tâche. Cela fera gagner du temps à tout le monde !”
Il ne lui en fallait pas plus pour ouvrir un endroit spécialement dédié à l’art d’entreprendre en proposant “à côté” un service de location de salle pour des événements privés, comme des anniversaires (85$/heure). Depuis la fin de l’été dernier, son agenda ne désemplit pas. “Sans le vouloir, j’ai identifié un réel besoin à Montréal ! C’est d’un confort absolu, je le reconnais ! Ça roule tout seul”.
Mais son coeur de cible est ailleurs : les entrepreneurs qui ont déjà démarré mais qui ne sont pas (encore) en pleine croissance. “Avec les activités que je propose, je viens les chercher dans leur phase étrange de no man’s land après les programmes de démarrage et avant que l’entreprise décolle réellement”, raconte la Française avant de rappeler que les soirées réseautages sont ouvertes à tous.
Créer une complicité entre les êtres
Pour briser la glace et inviter les intéressés à sortir de leur zone de confort, elle ne recule devant rien. Envie de passer un CaZting ? Lancez-vous. Pensé par Marie Grange, il s’agit d’un programme d’entrainement pour être bien dans sa peau, ni plus ni moins. “L’idée de créer du lien peut aller au-delà de ça aussi”, lance celle qui ne se prive pas d’organiser régulièrement des soirées “Tropicrêpe”, Beaujolais Nouveau ou Saint-Talenvin, par exemple. “J’ai envie de recréer des moments où les gens échangent entre eux, au-delà de la sphère professionnelle. Qu’ils laissent leur téléphone de côté pour se reconnecter dans le réel”, raconte Marie Grange, fière de ses Soirées OZ qui invitent à relâcher la pression.
Bientôt ? Des soirées ciné-débat pour aborder, entre autres, les grands enjeux environnementaux mais aussi la réalité des conjoint·es d’entrepreneur·es. “On reste toujours sur le côté actif et proactif. On ne vient pas ici pour se bourrer la gueule, ça n’intéresse personne ! La convivialité prime sur le reste”.
Quant à l’idée d’ouvrir un autre succursale, cela ne fait pas partie de ses priorités. “Ce n’est pas mon but. Il y a une différence entre grandir et grossir ! Je préfère faire évoluer les services que je propose avant d’ouvrir une autre place”, confie Marie Grange qui réfléchira peut-être à ouvrir une fondation pour booster ses finances. Son but ultime à court et long terme : créer une complicité entre les êtres. Parions que le défi sera relevé haut la main.
* Au sujet des pagaies, sa doctrine : “Tu rames, tu rames, mais petits coups de pagaie par petits coups de pagaie, tu finis par arriver quelque part ! Peu importe le chemin emprunté”.