L’une est designer graphique, l’autre travaille dans le marketing. Clémence Perrin et Muriel Quipourt, deux Françaises installées à Montréal et citoyennes canadiennes depuis peu, ont une mission commune : convertir un bus scolaire pour en faire un studio de production vidéo, une habitation motorisée mais surtout… un ciné-bus. Action !
Si vous connaissez déjà la chaîne “Les Petits Aventuriers”, vous reconnaîtrez certainement les deux exploratrices à l’origine du projet. Le concept : des vidéos pour enfants qui leur permettent de découvrir le monde en compagnie de Clem et TukTuk. Si vous n’avez encore jamais regardé un épisode, on vous recommande d’essayer :
C’est à l’issue d’un premier tour du monde que l’idée d’un ciné-bus digne de ce nom a fait son chemin dans la tête des deux globe-trotteuses. “On a visité beaucoup de pays, on a essayé d’aménager divers véhicules en essayant de travailler et de voyager en même temps. Rapidement, on s’est dit qu’un bus serait l’idéal pour avoir un espace de vie et de travail assez grand !”, racontent les travailleuses nomades dont Montréal reste le port d’attache. Voilà comment “Voyage en roue libre” est née, leur nouvelle plateforme qui permet de suivre les coulisses de leurs aventures, y compris les petits pépins.
“C’est une accumulation de rencontres qui nous a donné envie de nous lancer. Sans parler du fameux Bus magique ou encore de Fred et Jamy, et même de certains de nos profs qui nous ont inspirées. Apprendre, c’est ce qui nous a toujours portées”, explique le duo avant de citer Alexandra David-Néel, la première femme à être allée au Tibet, comme autre source d’inspiration.
L’éducation comme moteur
Si leur première idée est d’avoir un studio mobile pour produire les vidéos qu’elles diffuseront ensuite dans les villages sillonnés à bord de leur bus, elles envisagent aussi de diffuser des vidéos d’autres créateurs. L’union fait la force. “On est très conscientes que l’un des problèmes majeurs à l’heure actuelle c’est l’éducation : tout passe par les enfants, les sensibiliser à tel ou tel enjeu, c’est essentiel”, racontent les deux Franco-canadiennes qui veulent créer l’événement là où elles passent et surtout rompre l’isolement de certaines populations, parfois à mille lieux des grands centres urbains.
“On a mis un an à trouver notre bus de 12 ans d’âge ! On a commencé par éplucher les petites annonces, ensuite on a contacté tous les transporteurs scolaires de la région pour savoir s’ils avaient des bus qui prenaient leur “retraite” et on a trouvé notre perle rare à Trois-Rivières…”, raconte Muriel, qui a passé son permis bus en mars. À l’intérieur de leur bolide ? Il ne reste plus grand chose. “On est en train de tout aménager. On a enlevé les sièges, le sol. Là on a commencé à gratter la rouille et à poncer le sol, on s’attaque aux fenêtres maintenant. Une fois qu’elles seront bien étanches, on finira le sol.”
Cherche hangar ou garage à Montréal
Côté planning, dans un premier temps, Muriel et Clémence envisagent de prendre la route vers la Gaspésie d’ici le 15 septembre, histoire de vérifier que “tout roule”. “Mais plus on avance, plus on s’aperçoit qu’il faut multiplier le temps par trois selon nos estimations de base. On a eu des soucis avec les batteries, avec une roue, etc. On apprend en même temps qu’on fait !”, lance le duo en riant, souvent soutenu par des Montréalais, curieux et intrigués, de les apercevoir bricoler leur bus au milieu de la ville. “On tourne pas mal dans Montréal pour trouver des endroits où le garer, entre Rosemont et Le Plateau surtout. On aimerait trouver un hangar ou un garage pour le laisser et venir travailler dessus librement mais ce n’est pas simple”, confient les deux baroudeuses qui travaillent à temps plein en même temps qu’elles aménagent leur bus. “Il faut bien qu’on finance notre projet ! Nos économies fondent rapidement mais c’est le jeu”, lancent les deux jeunes femmes qui prévoient d’investir 20 000$ pour aménager leur bus et le rendre conforme à l’immatriculation.
Objectif final ? Aller en Alaska, dans les Maritimes, peut-être retourner un peu aux États-Unis et aller jusqu’en Europe à bord d’un cargo, avec Montréal en point de départ. “Même après un tour du monde, on aime vivre à Montréal et y revenir ! La qualité de vie y est incomparable.” Bonne route…