Le papa des Lascars c’est lui : Boris Dolivet alias El Diablo. On lui doit aussi la série à succès Les Kassos. Installé à Montréal depuis 2015, il va sortir un album intitulé “Wesh! Caribou” aux éditions Rouquemoute en octobre 2018, quelques planches sont déjà disponibles en ligne (vous pouvez aussi le précommander sur Ulule). À cela s’ajoutent sa série “Monkey Bizness” dont il est en train d’écrire le long métrage et l’adaptation de son album Un homme de goût pour Netflix.
C’est son quotidien en tant que Français à Montréal que Boris Dolivet se plaît à raconter dans ses chroniques qui seront bientôt réunies dans un album. Du prix (parfois exorbitant) du dentiste à la serveuse étrangement aimable aux itinérants sympas en passant par le pourboire qu’on oublie parfois de laisser au restaurant, tout y passe.
“Le livre prend la forme d’un guide de survie pour l’immigrant à Montréal. C’est mon angle de vue avec ma propre expérience”, confie l’artiste de 47 ans issu du monde du graffiti qui a fait ses griffes avec son groupe les PCP (Petits Cons de Peintres) à Paris dans les années 90.
“Wesh! Caribou, c’est ce qui se rapproche le plus de ce que je faisais avant, quand je racontais mes aventures de petit con à scooter dans le magazine de BD Psikopat. Sauf que maintenant je suis un père de famille posé (NDLR : il a 4 enfants) avec d’autres problèmes à gérer ! C’est ça que je raconte avec ma réalité d’immigrant en plus. J’aborde tous les petits aspects sordides que je peux trouver et tous mes déboires”, raconte Boris qui avoue devoir parfois se creuser la tête.
“C’est super ici ! Du coup, c’est difficile de trouver un angle un peu glauque parce que je kiffe tout à Montréal. Je trouve ça tellement bien d’être là”, lance celui qui redoute davantage l’été que l’hiver canadien. “Quand il fait -25° et que je marche dans la rue avec un grand sourire, les gens savent que je ne suis pas d’ici !”.
Si l’Amérique du Nord l’a toujours attiré, c’était surtout à New-York qu’il avait ses habitudes du haut de ses 18 ans. “C’était la Mecque du hip-hop pour moi ! Je bossais en juillet à la foire des Tuileries pour me payer mon billet d’avion pour New-York. (…) Le Canada aussi m’attirait beaucoup. Maintenant que j’y vis, je ne suis pas déçu : j’avais besoin de savoir ce que ça faisait d’être immigré et de devoir faire sa place. Je ne suis pas parti pour fuir la France, je suis parti parce que je voulais venir ici”, confie celui qui, à Montréal, “se sent comme un poisson qu’on a lâché dans un bassin plus grand”.
S’il a autant vécu dans la banlieue sud de Paris que dans le “9.3” ou à Paris même, c’est maintenant dans le H2N qu’il a élu domicile, et pour un bon bout de temps apparemment. “Je n’ai pas envie de rentrer en France pour le moment. Si un jour ma santé est aussi défaillante que le système de santé canadien, peut-être que je rentrerais… (rires)”.
En attendant, il travaille encore régulièrement avec la France sur divers projets qui lui tiennent à coeur. Cela ne l’empêche pas non plus de collaborer avec les créateurs des Têtes à claques. Rien que ça. “On travaille ensemble sur une série qui devrait sortir l’année prochaine…”, confie l’acharné de travail qui vient aussi de donner vie à Bruce Le Troll, un personnage peut-être un peu “trop second degré” selon ses dires. “Il dit de la merde pour dire des choses intéressantes derrière. Bref, moi il m’amuse !” Essayez, vous verrez…