Avant d’ouvrir sa chaleureuse Maison Tricotée, Céline Barbeau, 44 ans et originaire de Paris, était conteuse en France. Installée au Québec depuis 11 ans, elle peut se targuer d’avoir ouvert le premier “Café-Tricot” de Montréal en 2013 dans un petit coin du Plateau (rue Gilford) où l’on y trouve toutes sortes de pelotes vendues de 6,50$ à 49$ l’unité.
“Jamais je n’aurais pu faire ça en France car le business est trop difficile pour les petites entreprises ! Tu commences, tu es déjà endetté et tu n’as aucune aide”, lance Céline qui trouvait également la tradition nord-américaine du tricot moins “vieillotte” qu’en Europe. “Le cliché de la mamie sur une chaise berçante avec son tricot et son chat sur les genoux me paraissait moins intense de ce côté-ci de l’Atlantique”, raconte l’entrepreneuse qui n’est jamais à court d’idées pour dynamiser sa communauté de passionné.es et dont les 25 ans d’expérience l’aident à se démarquer.
“On n’est pas qu’une boutique de laine, on crée aussi énormément d’événements ! Cette année par exemple, on expose des artistes pour la première fois et on a noué des partenariats avec des groupes de musique de blues ou de jazz pour les vernissages“, raconte la Française selon qui la laine se marie parfaitement avec les autres arts et dont la boutique est aussi une “école de tricot” comme l’indique la carte de visite.
Ses trois piliers ? Son équipe (6 à 7 employés en fonction des saisons), ses clients (qu’elle connait souvent par leurs prénoms), ses fournisseurs (des petites compagnies, si possible locales).
“Les gens qui passent dans ma boutique viennent pour nous rencontrer mais nous aussi on les rencontre. Ici, c’est important que tout le monde se connaisse ! On remet l’humain au centre”, confie la tricoteuse qui croit aux vertus thérapeutiques et sociales du tricot. C’est en organisant des tricotés dans les MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) en France qu’elle a su qu’elle voulait faire ça toute sa vie : réunir les gens autour d’une pelote de laine et d’un verre de thé. “C’était extraordinaire ! Grâce à ces ateliers, j’ai vu des gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer ni même se parler à cause des strates sociales”, confie Céline, ravie d’avoir contribué à ouvrir les esprits et qui s’attache à poursuivre l’expérience ici dans sa “maison de village” comme elle aime appeler sa boutique.
“Il y a des gens qui viennent juste pour prendre une boisson et chiller avec leur ordi. Ils ont bien raison !”, sourit Céline qui passe sa vie dans sa boutique (elle vit d’ailleurs au-dessus). “Je prends quand même le temps de faire du sport trois fois par semaine et de dormir huit heures par nuit sinon j’implose !”, plaisante celle qui conseille aux futurs entrepreneurs “d’être experts dans leur domaine” et de “connaître leurs chiffres au risque de couler”.
En 2018, Céline espère éponger ses dernières dettes mais surtout lancer une nouvelle entreprise plus sociale “au concept révolutionnaire”… À suivre.
Les 1er, 2 et 3 décembre 2017, La Maison Tricotée organise un Marché de Noël dédié aux Arts du fil, on en parle ici !