Mieux vaut ne pas tomber malade. Le système de santé, public, est très critiqué par les Canadiens mais aussi par certains expatriés. Pourquoi? Voici quelques éléments de réponse.
Des files d’attente à l’aube devant une clinique privée par un temps glacial, des amis qui vous racontent avoir passé huit, dix, seize heures aux urgences avant de pouvoir consulter… Ces témoignages sur le système de santé canadien reviennent régulièrement dans les conversations. Et ce ne sont malheureusement pas des affabulations. Quoiqu’on en dise.
Seuls 22 % des médecins de famille du Canada déclarent que leurs patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour-même ou le lendemain. En France, ce taux atteint 86 %. En une phrase : évitez de tomber malade et, si vous l’êtes, préparez-vous à patienter longtemps dans une salle d’attente. Dans certaines provinces, le médecin ne viendra pas à votre chevet avec son stéthoscope autour du cou.
Le système de santé canadien se définit par un régime public d’assurance-maladie gratuit et sans tiers-payant pour tous les citoyens et résidents permanents. Si une bonne partie des consultations et soins est remboursée, certains frais médicaux et certains spécialistes ne le sont pas. Par exemple, au Québec, il faudra payer le dentiste, l’optométriste si on est adulte, ou encore le physiothérapeute. Plutôt que d’avoir un régime de santé unique à la grandeur du pays, le Canada a réparti les rôles entre le gouvernement fédéral, les dix provinces et les trois territoires.
Tous partagent tout de même des caractéristiques et des normes de protection de base. Le gouvernement fédéral fait donc office de guide : il maintient et améliore la santé en établissant les principes nationaux en vertu de la loi canadienne sur la santé. C’est aussi lui qui offre les services de santé à des communautés spécifiques, comme les membres des Premières Nations vivant dans les réserves, les Inuits, les militaires des Forces canadiennes en service ou encore quelques groupes de demandeurs du statut de réfugié.
Patience! Du côté des provinces et des territoires, chacun a son propre régime d’assurance-maladie, mais tous sont tenus de fournir un accès raisonnable aux services hospitaliers et médicaux nécessaires. Si, avec votre carte d’assurance-maladie, vous pouvez bénéficier d’une consultation gratuite chez le médecin, il n’est pas rare de devoir ouvrir son porte-monnaie pour effectuer un test de dépistage d’une infection à streptocoques ou pour un obtenir document équivalent à un arrêt de travail, pourtant demandé par le médecin. Dans la loi, il est seulement « déconseillé » de surfacturer ou d’imposer des frais modérateurs.
Les provinces, comme le Québec et l’Ontario, peuvent également imposer une contribution santé pour aider à financer les services de soins publics. Selon Statistique Canada, 14,9 % des Canadiens de 12 ans et plus (soit environ 4,5 millions de personnes) ont déclaré ne pas avoir de médecin régulier en 2014, un chiffre qui bondit à 25,1 % au Québec et à 19,9 % en Alberta, mais qui descend à 7,5 % en Ontario.
Si vous voulez voir un spécialiste, il faut donc vous armer de patience ! Il faut plus de deux mois à trois Canadiens sur dix environ pour voir un spécialiste. En France, la proportion baisse à moins de deux Français sur dix, d’après l’Institut canadien d’information sur la santé. Si vous avez plus de 55 ans, sachez que le temps d’attente pour des soins ou pour consulter un médecin ou une infirmière est plus long au Canada que dans dix autres pays.
Déduction d’impôt. Certains médicaments sont remboursés, mais on estime encore qu’un Canadien sur dix n’achète pas les médicaments prescrits car ils sont trop chers. En 2016, selon l’Institut canadien d’information sur la santé, les dépenses totales pour la santé par habitant au Canada s’élevaient à 6 299 dollars. Sachant que le secteur public en couvre environ 70 % (contre 77 % en France). Enfin, si vous devez payer certains spécialistes, laboratoires, soins, médicaments: gardez vos reçus puisque certains frais de santé sont admis en déduction d’impôt. L’Agence du revenu du Canada a dressé une liste exhaustive des frais médicaux déductibles. Votre passage chez le dentiste ou votre chirurgie au laser pour les yeux, tout comme l’achat d’aiguilles et de seringues sur ordonnance, pourront passer dans vos impôts. Pas votre liposuccion, ni vos contraceptifs sans ordonnance, ou encore les services de livraison-lavage de couches.
Enfin, les personnes qui s’établissent au Canada ont généralement le droit à l’assurance-maladie mais, selon les provinces, un délai de carence est appliqué : la période d’attente peut durer jusqu’à trois mois après l’inscription. On peut vous demander d’être soit encore couvert par le régime d’assurance-maladie de votre pays, soit de prendre une assurance privée en attendant.
Article initialement publié dans le hors-série du Point consacré au Canada (été 2015) – Article écrit par Marie-Laure Josselin et mis à jour par Daisy Le Corre.