À 35 ans seulement, Bastien Poulain peut se targuer d’avoir eu « LA » bonne idée. En 2014, il a lancé un cola unique en son genre qui goûte l’érable et dont le nom fait subtilement référence à la date de fondation de Montréal, sa ville d’adoption: 1642. Portrait d’un entrepreneur breton, fier d’être aussi Québécois.
C’est en 2007 qu’il découvre le Canada pour la première fois: coup de foudre immédiat. “Pourtant j’ai dû affronter deux tempêtes de neige ! Mais cela ne m’a pas empêché de faire une demande de permis de travail une fois rentré en France”, confie le jeune homme qui s’est immédiatement senti chez lui à Montréal et qui s’y est installé en octobre 2008 en PVT. “En arrivant ici, j’ai commencé par travailler dans la restauration, mon domaine de prédilection. Cela m’a permis de m’adapter à la culture de mes collègues québécois et de me faire de l’expérience”, se souvient le jeune homme qui a bénéficié d’un permis Jeune Professionnel (JP) avant d’obtenir sa résidence permanente et de lancer son affaire.
Breizh Cola comme inspiration
“En Bretagne, quand j’étais ado, le Breizh Cola faisait fureur: au stade rennais ou brestois, il y en avait partout. C’est grâce à ce produit que j’ai vu l’opportunité de lancer un cola purement québécois. Le comble c’est que ce soit un Français qui y ait pensé, cela fait souvent sourire les gens… Finalement, je n’ai fait qu’identifier un besoin qui n’était pas encore comblé”, se souvient Bastien qui a eu la chance de recevoir des précieux conseils et astuces d’Eric Ollive, co-fondateur du Breizh Cola.
Fabriqué selon une recette artisanale mise au point en 9 mois à l’aide d’un chimiste, le 1642 Cola est embouteillé sur la rive nord de Montréal et respecte à la lettre l’ambition de son créateur: participer à l’économie circulaire de sa province d’adoption. “J’ai l’habitude de dire “nos emplettes font nos emplois” mais c’est vraiment ça! Actuellement, mon entreprise soutient 350 emplois au Québec et j’ai signé des contrats d’embouteillage avec une usine en Estrie, l’une des régions les plus touchées par le chômage. J’ai aussi veillé à utiliser des bouteilles en verre recyclables ou réutilisables: de mon vivant, on n’utilisera jamais de bouteilles en plastique.”
Et ce n’est pas tout. Ce cola québécois est constitué de sucres uniquement naturels, de sucre de canne, de sirop d’érable et de l’eau de source. “L’idée était de ramener un élément qualitatif, un peu à contre courant de l’image habituelle du soda. Un cola qualitatif ça ne va pas ensemble en général. Moi j’ai décidé de proposer un soda de qualité fait au Québec à 2,49$ la bouteille”.
À la tête de son entreprise depuis maintenant trois ans, il applique les méthodes de recrutement nord-américaines. “Cela veut dire que je m’en fiche de l’école ou de l’université que t’as pu fréquenter, ce qui m’importe c’est ce que tu sais faire”, lance Bastien qui ne tarit pas d’éloge sur la manière dont le Québec lui a permis de faire ses preuves. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il n’a pas prévu de rentrer en France. “Je suis bien ici, je suis passionné par ma vie à Montréal. Le Québec m’a accueilli, m’a nourri, m’a donné de l’expérience, maintenant c’est à mon tour de lui donner quelque chose en retour”.
Ses conseils à ses compatriotes qui arrivent au Québec? “Venez avec une bonne dose d’humilité, ne restez pas entre franco-français, ne pensez pas que vous étiez attendus et si vous décidez de lancer votre propre entreprise, entourez vous de gens plus intelligents que vous: soyez réalistes. Il y a quand même 9 startups sur 10 qui ferment à l’heure actuelle.”