Né dans le 18e arrondissement de Paris, Willy Cuti est installé à Montréal depuis 2009. Après avoir été aide-soignant pendant 17 ans, il a tout quitté pour changer de vie au Canada. Aujourd’hui employé à temps partiel dans le secteur bancaire, il trouve aussi le temps de s’adonner à son art : réaliser ses propres patines de souliers.
C’est son beau-frère, habitué à porter des costumes et chaussures sur-mesure, qui lui fait découvrir la patine qui consiste à colorer et décolorer du cuir par l’application de solvants, crèmes à base d’huiles d’amandes et beurres de karité, pigments et teintures. Dans les années 80, c’est Olga Berluti qui met au point ce secret bien gardé, et souvent copié.
10 jours en moyenne pour refaire une paire de A à Z
« Les vendeurs de souliers ne font pas la patine, c’est un métier à part entière. Ce sont des artisans qui peignent à la main les chaussures », raconte le jeune homme qui a décidé d’exploiter le filon au Québec. Si le métier de “patiniste” est connu en Europe, au Québec personne n’en a encore trop entendu parler. « À Montréal, les gens ne sont parfois même pas au courant que cela existe ! », affirme Willy en riant.
Combien de temps faut-il compter pour repeindre une paire de souliers de A à Z ? « De la création de couleurs aux essayages en passant par le séchage, il faut prévoir de mettre 3 à 4 couches. C’est un travail méticuleux, il faut beaucoup de précision et 10 jours en moyenne pour refaire une paire au complet », détaille le spécialiste qui a grandi en Seine-Saint-Denis.
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Au départ, pour en apprendre plus cet art particulier, il a cherché à contacter plusieurs créateurs parisiens, en vain. « Ils ont leur secret et leur savoir-faire bien à eux, ils n’en disent pas trop », raconte Willy qui s’est alors lancé en autodidacte à l’aide de Youtube et en s’entraînant sur des chaussures destinées à être jetées. « Parfois, j’y vais à la goutte, je crée des couleurs qui n’existent pas », continue l’artiste-artisan qui s’inspire des maîtres en la matière comme Jean-Marie Le Gazel, ou Olga Berluti.
Sa clientèle ? Souvent des hommes d’affaires mais aussi des étudiants nantis qui veulent s’habiller chic.
Récemment installé dans son atelier de la boutique Blandin & Delloye (395 Notre-Dame Ouest), on peut l’apercevoir chaque vendredi travailler derrière la baie vitrée du magasin. « Cela me permet d’avoir une visibilité, les passants me regardent en train de peindre, c’est sympa ! ». Il passe son mercredi dans son autre atelier (non accessible au public) à Anjou.
En 2019, le Parisien aimerait se faire davantage connaître notamment via sa page Instagram son site web mais aussi en organisant des soirées privées. Sa bonne résolution de l’année ? « Je prévois de patiner bientôt des Stan Smith, en partant sur quelque chose de boisé, ça donnera un côté basket haut de gamme », confie l’artisan qui facture 40$ pour un cirage/glaçage et 140$ pour une patine. Qui veut des beaux souliers patinés pour briller en soirée ?