« Je me suis rendu compte que ce milieu me passionnait complètement », raconte le cofondateur de Virage Sonore William Maurer au sujet de son implication bénévole à la radio de l’Université de Montréal, CISM. Ingénieur du son de profession, il est ensuite embauché en tant que directeur musical, puis directeur général, de la radio de l’UQAM, CHOC.
Premier projet
« Beaucoup d’entreprises contactaient CHOC pour faire des balados, mais ce n’est pas le mandat d’une radio universitaire, explique William. Ça a allumé une lumière pour l’entrepreneur en moi. » Il décide alors début 2020 d’ouvrir un studio avec deux amis de longue date également ingénieurs du son, Kevin Gironnay et Jean-Baptiste Demouy.
Au même moment, le journal économique Les Affaires recherche un studio pour produire son balado Se tirer d’affaires : l’équipe signe ainsi son premier contrat. Virage Sonore profite de la visibilité engendrée, et réalise plusieurs projets avec son studio mobile, qui s’accorde aux mesures de santé publique du moment.
Studios sur le Plateau
Une fois les restrictions sanitaires levées, Virage Sonore ouvre son premier studio sur la rue Saint-Denis, à côté du centre d’art Livart, pour accueillir les enregistrements.
« On faisait de plus en plus de contrats, explique William. La visibilité qu’ils nous apportaient, en plus du marketing numérique, a fait que les demandes sont rentrées de plus en plus. » Pour répondre à la demande, Virage Sonore doit déménager : le studio du 79 rue Rachel Est ouvre ses portes à la fin de 2023.
France c. Québec
« On sent qu’il y a une effervescence [autour du podcast], mais aussi une peur, comme il y a pu y avoir pour les séries télévisées il y a quinze ou vingt ans », explique William. Selon les fondateurs de Virage Sonore, plusieurs studios français parviennent à dégager des revenus avec des projets de création, notamment grâce aux aides du ministère de la Culture, ce qui n’est pas leur cas « J’ai toujours eu l’ambition de faire de la création, explique William. Mais pour le moment, c’est 100 % en pro bono parce qu’il n’y a pas d’argent pour ça au Québec. » « Je pense qu’en France notre modèle d’affaires serait plus difficile, précise toutefois Kevin. Ici, on a tendance plus facilement à déléguer la tâche. En France, on essaie plus de faire les choses soi-même. »
« Ça serait cool d’avoir des projets en France, notamment pour voir nos familles plus souvent », ajoute William. [Pour ça] il faut un modèle d’affaires France-Québec, comme ça peut se faire pour des documentaires. » Les Français seraient-ils ouverts à écouter des podcasts avec un accent québécois ? « Il faut que la France accepte l’accent, expliquent les associés. Il faut penser francophonie. France, mais aussi Afrique. Notre oreille doit s’habituer. »