Les femmes sont-elles sous représentées dans le domaine de l’intelligence artificielle ? Et comment leur donner le goût de s’engager vers cette filière ? Samedi 26 octobre, Concertation Montréal organise une journée intitulée “Techno au féminin : l’intelligence artificielle pour changer le monde” afin de sensibiliser les futures étudiantes. Un événement auquel participe Melisande Teng, une Française qui a choisi de faire rimer intelligence artificielle et humanité.
« Pour moi, c’était comme un rêve de venir à Montréal, surtout dans le laboratoire Mila, l’un des plus réputés au monde pour l’intelligence artificielle », avoue sans détour Melisande Teng. Au cœur du Mile End, ce quartier en pleine ébullition qu’elle rejoint quotidiennement pour travailler, cette jeune femme de 25 ans savoure sa nouvelle vie. Arrivée au début de l’été dernier, elle a rejoint l’équipe de Yoshua Bengio, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’intelligence artificielle.
Un métier connecté à la réalité
Son métier, aussi scientifique soit-il, Mellisande ne l’imaginait pas déconnecté des réalités du monde. « J’ai toujours voulu faire un métier qui avait du sens pour moi, agir pour la société. » En intégrant le laboratoire en intelligence artificielle pour l’humanité (Climate Change AI), la jeune chercheure a atteint son objectif. « J’ai le sentiment d’être au bon endroit par rapport à ce que je veux faire. » Melisande Teng travaille avec une équipe d’une dizaine de personnes pour élaborer une application qui sera capable de prédire à quoi ressemblera, par exemple, votre maison dans le futur, en fonction du changement climatique. Cette application veut être ludique pour sensibiliser la population aux changements climatiques. « Actuellement, on travaille sur les inondations. L’idée est d’apporter une vision concrète des effets du changement climatique. Les gens pourront mettre leur adresse et avoir une vision de leur maison dans 50 ans. Souvent, quand on parle de changement climatique, il est difficile de saisir quel sera l’impact réel sur notre quotidien. »
« Croire en elles »
Titulaire d’un master en ingénierie et mathématiques appliquées à Centrale Paris, Melissande Teng possède aussi un master en management et entrepreneuriat social de l’ESSEC Business School. Un CV plus qu’impressionnant. Melisande Teng n’a qu’un seul message : « Souvent, les filles ne vont pas oser pousser plus vers les sciences, alors qu’elles y ont toutes leurs places. Même si en école d’ingénieur, nous étions très peu de filles dans la promo, je ne regrette absolument pas. »
La place des femmes en intelligence artificielle, qu’en dit-elle ? « C’est certain que nous sommes moins nombreuses, mais j’ai aussi le sentiment que lorsqu’on parle d’intelligence artificielle, les hommes sont plus souvent mis en avant. Cela ne reflète pas totalement la réalité de nos laboratoires, où les femmes sont bien présentes. Il y a un problème de représentation. »
Passionnée, enthousiaste, Melisande Teng va transmettre toute son énergie positive samedi aux jeunes Québécoises, pour les inciter à « croire en elles. » « J’ai postulé au Mila en me disant que je ne serai pas prise. Aujourd’hui, je constate que j’y ai ma place et que j’ai le niveau. Et tous les jours, je me dis que c’est incroyable ! »