Après quatre années passées à Montréal, Pauline Lazarus s’est armée de son micro et de son enregistreur pour discuter d’une chose aussi naturelle que complexe : l’amour en tant qu’expatrié. Elle vient de diffuser le premier épisode d’Une histoire à part, un podcast sur les relations amoureuses à la croisée des cultures.
Quiproquos parfois amusants, ultimatums causés par l’éloignement géographique… les différences culturelles viennent à la fois enrichir et complexifier les relations.
Pauline Lazarus invite des francophones à venir raconter leurs histoires amoureuses parfois rocambolesques dans ce balado (c’est ainsi que l’on nomme les podcasts au Québec) dont elle est l’animatrice. Elle le décrit comme un espace d’échange bienveillant et à coeur ouvert.
« On parle beaucoup de dating, c’est un sujet qui revient assez régulièrement dans les conversations autour de moi », lance la créatrice.
Qui dit nouveau pays dit nouvelle culture, nouveau mode de vie, nouvelles traditions, mais également nouvelles manières de “dater”, d’autant plus que Montréal est parsemée de cultures et d’histoires toutes plus différentes les unes que les autres.
« J’assiste à des tendances qui n’existent pas en Europe », poursuit Pauline Lazarus avant d’ajouter : « J’ai remarqué qu’à Montréal il y avait une certaine ouverture, ils essayent plus de choses contrairement aux Français qui sont un peu traditionalistes sur certains aspects. »
Elle raconte qu’au Québec, l’exclusivité – qu’elle soit romantique ou sexuelle – ne sonne pas (ou plus) comme une évidence. Les couples tendent selon elle par exemple à s’ouvrir à de nouveaux partenaires sexuels ou encore à découvrir le polyamour. La créatrice dit avoir reçu de nombreux messages de couples qui ont ouvert leur relation, établissant leurs propres règles en fonction de leurs désirs mutuels. Par exemple, certains couples lui ont déjà confié avoir mis sur pause leur exclusivité sexuelle, mais uniquement dans un contexte festif.
Une enquête menée par la professeure de sociologie Chiara Piazzesi vient d’ailleurs de dévoiler entre autres que les Canadiens tendent de plus en plus à favoriser l’exclusivité romantique plutôt que l’exclusivité sexuelle dans leurs relations intimes.
Pauline Lazarus confie que la différence en matière de dating qui lui a sauté aux yeux en arrivant au Québec, c’est l’existence du statut de fréquentation.
« Toi, tu te crois en couple, et en fait l’autre personne a une double vie », explique-t-elle. Elle s’est étonnée à son arrivée de voir que lorsqu’on développe une relation, il est commun que tant que la discussion – c’est-à-dire un échange visant à définir un statut pour la relation – n’a pas eu lieu, alors la relation n’est pas exclusive de fait. Une histoire à part aborde ces surprises qui pourraient être vécues comme un choc culturel.
Une histoire à part donne la parole à des expatriés qui vivent des réalités différentes, l’occasion de mettre le doigt sur toutes sortes de défis.
Les premiers rendez-vous, le moment de l’officialisation, la vie de couple, les projets à long terme… on peut être rattrapé par nos différences culturelles à chaque étape d’une relation.
Les invités du balado abordent des complexités telles les barrières linguistiques ou encore l’ultimatum auquel un couple peut faire face lorsque chacun souhaite après plusieurs années se rapprocher de sa famille, restée dans le pays d’origine.
Avec Une histoire à part, Pauline Lazarus cherche à amorcer une discussion autour de l’influence que peut avoir une ville comme Montréal sur un individu.
Elle donne d’ailleurs un avant-goût de l’histoire d’un épisode à venir. Elle glisse qu’elle invitera prochainement une personne qui a décidé de faire son coming-out suite à son installation au Québec. « Il se sentait tellement bien à Montréal, il a vu qu’il y avait une certaine ouverture d’esprit dans la communauté homosexuelle, il s’est senti lui-même », explique la fondatrice qui espère que son projet permettra à des personnes de se découvrir et se dévoiler au monde telles qu’elles sont.