Une Française de Montréal sur le tapis rouge de Cannes

Une Française de Montréal sur le tapis rouge de Cannes

Par Carla Geib / Le 25 mai 2025 / Cinéma

La cinéaste montréalaise Martine Frossard vient de réaliser le rêve de bien des réalisateurs : présenter son film au Festival de Cannes. Son film d’animation Hypersensible comptait parmi les 11 courts métrages sélectionnées en compétition officielle. Une belle consécration pour cette Strasbourgeoise installée à Montréal, qui revient dans son pays natal pour l’un des plus grands rendez-vous du cinéma.

Le film, produit par l’Office national du film du Canada, sera présenté aux Sommets du cinéma d’animation de Montréal les 28 et 29 mai (programmation ici).

« C’est un immense symbole et une reconnaissance à laquelle on ne peut jamais s’habituer », se réjouit Martine Frossard. Une nomination qu’elle qualifie d’« irréelle », qui lui a procuré une « joie immense ».

Une autodidacte

Martine Frossard a longtemps évolué dans le milieu des arts visuels. D’abord illustratrice et créatrice d’installations participatives à Montréal, elle découvre l’animation en 2014, avec son premier bébé dans les bras. « J’ai décidé d’explorer l’option animation de Photoshop en allaitant ! », se souvient-elle. Une révélation, nourrie par le travail de l’artiste japonaise ShiShi Yamazaki, qui l’a profondément inspirée.

Son tout premier film, sélectionné parmi les Staff Picks de Viméo, circule ensuite dans plusieurs festivals. L’aventure est lancée. Après quelques formations, un accompagnement en mentorat et une pandémie, elle dépose en 2021 son projet à l’Office national du film du Canada, qui l’avait déjà repérée. C’est ainsi qu’est né Hypersensible, présenté en première mondiale au 78e Festival de Cannes et retenu parmi les onze courts métrages en compétition officielle. Fait notable : seules deux œuvres d’animation figuraient dans la liste.

Une œuvre poétique sur la résilience

« Hypersensible est un film sur la vulnérabilité et la résilience. On y suit le parcours d’une jeune fille qui passe par les étapes du deuil, dans une société qui filtre les émotions », explique la réalisatrice. À travers cette œuvre intime, elle interroge la pression sociale à « tenir debout, à répondre aux attentes, même quand tout vacille ».

Le film explore les tensions entre sensibilité et performance. « Notre société valorise beaucoup le contrôle, la rationalité, la performance… Alors dans ce contexte, l’hypersensibilité pour moi n’est pas une faiblesse, mais une forme de résistance presque, une façon douloureuse, mais aussi profondément poétique d’habiter le monde. »

Raconter l’indicible

La quête identitaire, le rêve, le souvenir, le traumatisme et la résilience traversent toute l’œuvre de Martine Frossard. « Ce qui m’intéresse, c’est de montrer comment on se fragmente sous le poids des expériences, et comment on tente de se reconstruire au fil des épreuves », souligne-t-elle.

Pour donner forme à ces émotions intimes, la cinéaste a choisi l’animation, et plus particulièrement la rotoscopie – une technique qui consiste à dessiner sur des images filmées image par image. Un moyen pour elle de naviguer entre réalisme et abstraction, et de « raconter l’indicible ».

Un retour aux sources

Fouler le tapis rouge à Cannes, c’est un rêve de cinéma. Mais pour Martine Frossard, c’est aussi un retour aux origines. Québécoise d’adoption depuis 1995, elle reste très attachée à son Alsace natale. La cinéaste porte en elle une identité à plusieurs faces : « Pour moi, l’identité est quelque chose de fluide, en constante évolution, qu’on ne peut jamais vraiment figer ou définir de manière définitive. »

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