Si vous cherchez un peu de dépaysement olfactif à Montréal, direction la boutique de Yannick Obédia (3903 rue Saint-Denis), “Savons et Provence” : on y trouve de l’authentique savon de Marseille mais aussi des sachets de lavande, un accent chantant et même des tabliers provençaux (“bavettes”) faits sur place dans la plus pure tradition. On dirait le Sud… en plein Québec.
72% d’huiles végétales, un peu d’eau, du sel, de la soude : telle est la recette magique du fameux savon de Marseille qui fait fureur ici et ailleurs. “Les savons que j’importe à Montréal sont tous fabriqués en France : à Aubagne et à Marseille, évidemment”, raconte l’entrepreneur de 44 ans qui propose 60 parfums différents (même pastis) et qui fait notamment affaire avec la société Le Sérail. “Les savons de Marseille traditionnels se vendent comme des petits pains. J’ai même un client qui vient régulièrement m’en acheter 6 ou 8 cubes, je ne sais pas ce qu’il fait avec !”, lance le Marseillais en riant avant de rappeler que son savon est aussi écologique qu’économique.
S’il est d’abord Marseillais, Yannick connait pourtant Montréal comme sa poche et pour cause : il y avait déjà ouvert un commerce du même type en 1999 avant de devoir rentrer en France en 2007, pour des raisons personnelles. Jamais il n’aurait pensé que, 10 ans plus tard, il replierait bagage. “Les attentats survenus en France ces derniers temps, en particulier ceux de Nice, nous ont beaucoup perturbés ma femme et moi. Ça été un déclic pour revenir vivre ici, à Montréal. On a surtout pensé à l’avenir de nos enfants”, se souvient le Français qui a (ré)ouvert sa boutique en mai 2017 et qui ne compte pas rentrer en France (pour des vacances) avant un an ou deux.
Autodidacte, Yannick dédie également une partie de sa petite boutique à son atelier de couture et fait venir ses tissus de France avec la société STOF — quand il ne réutilise pas les bouts de tissus empruntés à sa mère stockés au fond de sa boutique. “Ici, les gens aiment le jacquard et le lin ! Je m’adapte”, confie Yannick qui prévoit aussi de répondre à la demande de sa clientèle (autant française que québécoise) en développant le côté cosmétique. “Crèmes réparatrices pour les mains, crèmes pour le visage, boules effervescentes pour le bain, bains crémeux, savon d’Alep : on me demande de tout !”, raconte le commerçant qui vend son savon de Marseille parfumé à 5$ (125 grammes) à une clientèle “plutôt haut de gamme”.
Objectif 2018 ? Parfaire son anglais pour ses clients anglophones, adeptes des produits typiquement français. “Mon accent de Marseille m’aide aussi à vendre, j’avoue ! Je suis un concept à moi tout seul“, sourit Yannick qui a installé une cigale en céramique au dessus de la porte d’entrée. Elle ne devrait pas tarder à chanter…