Qu’ils aient prévu d’assister à un mariage, une réunion de famille ou simplement pour les vacances au pays, les Français du Canada sont nombreux à se poser la question: pourra-t-on rentrer en France cet été?
« Je prévoyais de rentrer en France pour le mariage d’une proche en août et pour présenter mon conjoint à ma famille, mais ça m’a l’air compromis » se désole Christelle, expatriée française. Possédant un permis de travail fermé, la jeune femme redoute de ne pas pouvoir revenir au Canada à la fin de ses vacances. « Je me fais à l’idée qu’il faut abandonner l’idée d’un voyage en France cet été ! » ajoute Christelle.
De leur côté, Anne-Sophie et son compagnon avaient eux prévus deux mariages de cet été. « Nous sommes témoins pour ces deux mariages, mais à ce jour, je ne peux savoir si on maintient notre voyage en France, même si on souhaite plus que tout assister à ces journées uniques pour nos proches», explique Anne-Sophie. La jeune femme et son conjoint, possédant chacun un PVT, craignent eux aussi de ne pas pouvoir rentrer à nouveau sur le territoire canadien.
Une lettre de confirmation validée ou non par l’IRCC
Il est encore trop tôt pour savoir quelles seront les règles en vigueur cet été, mais pour l’heure, l’entrée sur le territoire canadien est en principe impossible pour les non ressortissants ou résidents permanents. Les titulaires de PVT et autres permis de travail fermés sont donc concernés, mais il y a de nombreuses exceptions, notamment pour les personnes qui étaient déjà établies au Canada ou avaient tout organisé pour y venir avant la mise en place des restrictions. En pratique, explique Nadia Barrou, avocate spécialisée en immigration, « toute personne ayant un permis de travail doit prouver qu’il a un employeur qui l’attend au Canada». Les informations concernant l’immigration se renouvellent très souvent, c’est pourquoi l’avocate préconise de soumettre une lettre consulaire à l’IRCC, à l’adresse mail suivante : IRCC.COVID-TravelExemptions-Exemptionsdevoyage-COVID.IRCC@cic.gc.ca , qui validera ou non la requête sous 48 h.
« Il faut indiquer dans cette lettre son statut sur le territoire canadien, préciser et prouver qu’un employeur assurera un travail à la personne, certifier de s’engager à se confiner pendant deux semaines avec un plan de confinement sur place, affirmer que quelqu’un viendra chercher la personne à l’aéroport et lui faire ses courses pendant ces deux semaines» précise l’avocate.
La situation est différente pour les titulaires de PVT qui sont en recherche d’emplois. C’est le cas d’Emmanuelle Sera et son conjoint, arrivés en février 2020. « On est censés rentrer cet été pour revoir notre famille et être présents pour la naissance des deux jumeaux d’une amie. Si nous ne trouvons pas de travail avant cet été, serions-nous prioritaires pour revenir au Canada ? » demande-t-elle. Le conseil de Nadia Barrou: ne rentrez pas en France cet été.
C’est aussi la conclusion à laquelle arrive Maroua Imoussaïne. Elle et son mari effectuent tous les deux un stage dans la recherche. “En attendant d’avoir mon permis d’étude pour août, je vais me retrouver dans un statut implicite, ne pouvant pas physiquement aller renouveler mon visa, raconte-elle. Mais si je rentre en France cet été, je risque de ne pas pouvoir revenir”. Si la chercheuse s’interroge encore sur ce qu’elle fera pour les vacances, son mari a lui pris sa décision, il restera au Canada cet été.
Le sort des familles
Pour les couples, la décision de rentrer en France ne met pas tout le monde d’accord, mais pour les familles, la situation se complique un peu plus. Sabrina Davrõt, son mari et leur fils ont prévu de rentrer cet été pour deux baptêmes dont celui de leur enfant. « J’ai un visa étudiant et mon conjoint a un visa de travail fermé et travail pour un commerce essentiel, nous pourrons normalement rentrer après notre séjour en France, mais nous attendons les nouvelles du gouvernement » explique Sabrina. Là pas d’inquiétude à avoir d’après la liste des exemptions de restrictions de voyage disponible sur le site du gouvernement: « si dans un couple, seulement une personne a la citoyenneté canadienne ou le statut de résident permanent, et se trouve exercer dans un commerce essentiel, alors il peut rentrer sur le territoire canadien. Une fois sur place, sa famille proche peut le rejoindre, sans avoir forcément le même statut. On ne peut refuser l’accès aux membres de la famille d’un travailleur, » résume Nadia Barrou.
Actualiser la situation chaque semaine
Des conférences avec l’Union Française et la CITim ont été mises en place chaque semaine pour répondre aux questions des Français quant à leur situation. Quatre avocates répondent à vos questions.