Au Québec, la langue française nous joue parfois des tours. S’il vous est déjà arrivé de rester sans voix lorsqu’au moment de dire “au revoir”, l’un de vos hôtes québécois vous a lancé “bonjour”, sachez que vous n’êtes pas seul. Cet article pourrait vous aider à comprendre le pourquoi du comment mais surtout à ne plus faire cette mine déconfite en quittant une soirée.
Pour tenter de répondre correctement à cette question bête, on a fait appel à Benoît Mélançon, l’essayiste et blogueur mais aussi professeur de littératures de langue française à l’Université de Montréal. “«Bonjour», au Québec, est une forme de salutation, quel que soit le moment de la journée”, a répondu le spécialiste qui nous a invité à consulter la base de données lexicographiques du Québec.
On y apprend alors que cette utilisation du mot “bonjour” en guise “d’au revoir” résulte du maintien d’un sens du français ancien et des parlers régionaux de France. Mais oui! Un peu plus loin, on lit encore: “Depuis 1844 comme terme de salutation en quittant quelqu’un; dans des locutions employées à l’adresse de quelqu’un qu’on aborde ou dans des contextes non explicites, depuis 1769 (…). En France, le mot bonjour a été relevé comme formule de salutation «vers le XVe-XVIe s.» (…) mais ce n’est que dans les dictionnaires du XXe s. qu’on fournit des précisions sur la situation où s’emploie le mot.”
On lit aussi que dans les dictionnaires Larousse, le mot est présenté depuis 1928 comme “une salutation utilisée quand on aborde quelqu’un, mais qui peut se dire aussi quand on quitte la personne”. C’est en 1975 avec le Trésor de la Langue Française (TLF) qu’on apprend que le fait d’employer “bonjour” en tant que formule de politesse seulement lorsqu’on rencontre quelqu’un (et non plus quand on la quitte) est une pratique qui s’est généralisée en France.