C’est l’éternel débat : le pouvoir d’achat est-il meilleur au Canada ou en France ? Avant de commencer à se chicaner sur les chiffres, il faudrait d’abord savoir de quelle ville on parle.
Lorsqu’une de nos lectrices a accepté d’ouvrir son portefeuille au rayon X de Maudits Français, elle s’est pris une foudre de commentaires lui reprochant de briser un tabou : selon elle, le pouvoir d’achat serait inférieur à Montréal qu’en France. Pour mettre fin à la discorde, on a voulu en avoir le cœur net. Et on a trouvé l’outil parfait pour ça : le site lecoutdelexpat, édité par la Banque Populaire, et qui permet de comparer le coût de la vie entre différentes villes (pour préparer une expatriation, par exemple).
C’est là que le bât blesse : pas de réponse tranchée à la question, tout dépend en fait de la ville d’origine… et des salaires perçus ! Si Paris serait 51% plus cher que Montréal, tiré notamment par les postes de dépenses liés au logement, les salaires y sont largement supérieurs : le revenu moyen d’un actif parisien serait de 3 945 euros nets par mois, ce qui fait 6 318 $, deux fois et demi de plus qu’à Montréal (2 931 $). Bien sûr, tout dépend de la profession exercée, et de nombreux Parisiens vivent avec bien moins que ça.
Il serait alors plus juste de comparer Montréal à une ville de même taille, comme Lyon, les deux agglomérations avoisinant le million d’habitants. Selon le site, Lyon est 20% plus cher que Montréal au global. Mais à Lyon, les loyers sont légèrement inférieurs (4,4% moins cher pour un studio en centre ville et 1,8% moins cher pour un trois chambres en centre ville). Et à Brest, se loger est largement plus accessible qu’à Montréal : 27,5% moins cher pour un studio et jusqu’à plus de 38% moins cher pour un trois chambres ! Pourtant, le salaire moyen de la ville bretonne est plus élevé que celui à Montréal : 2 220 euros nets par mois, soit 3 554 $, contre 2 931 $ pour le cœur économique de la Belle-Province.
D’après les données exploitées, le pouvoir d’achat serait meilleur… en France. Mais tout dépend des postes de dépenses. Le tableau met en évidence que les charges liées au logement sont systématiquement supérieures en France, quelle que soit la ville. S’habiller et se restaurer y serait, en moyenne, plus cher aussi (tout dépend où vous allez), de même que certains loisirs (cinéma, salle de sport), surtout dans les grandes villes. En revanche, la téléphonie, l’Internet et l’alimentation sont systématiquement plus abordables. Et contrairement aux idées reçues, les loyers sont parfois moins chers en France, Paris faisant figure d’exception. Notre témoin vient de Montpellier : il n’est pas étonnant qu’elle y trouve le pouvoir d’achat meilleur qu’à Montréal, puisque le salaire moyen y est plus élevé (126%) mais les logements jusqu’à 11% moins chers.
Conclusion : pour une personne vivant avec un salaire minimum, le pouvoir d’achat est meilleur dans la plupart des villes de province en France qu’à Montréal, Québec ou Toronto.
Le Smic français est à 10,03 euros brut, soit 16,04 $, contre 12 $ au Québec et 14 en Ontario, la Province aux salaires les plus élevés. Notons toutefois que la chute du cours du dollar canadien joue un rôle dans ce comparatif. Pas de chicane !