Pourquoi la Fête du Travail est-elle célébrée en septembre au Canada ?

Pourquoi la Fête du Travail est-elle célébrée en septembre au Canada ?

Par Melanie Blakely / Le 25 août 2025 / Actualité

Et voilà, nous y sommes ! Dans quelques jours, ce sera la Fête du Travail, le jour férié qui célèbre… le travail, justement, partout au Canada et aux États-Unis. Un long week-end à la fois festif et un brin nostalgique, puisqu’il marque souvent la fin de l’été et la rentrée scolaire. Instaurée comme jour férié fédéral en 1894, la Fête du Travail est célébrée chaque premier lundi de septembre. Elle contraste avec la France, où les célébrations ont lieu le 1er mai. Là-bas, la journée rime avec manifestations syndicales et brins de muguet, tandis qu’ici, c’est plutôt l’occasion de profiter d’un dernier barbecue ou d’une escapade avant le retour à la routine. Mais pourquoi Français et nord-américains ne célèbrent-ils pas le travail à la même date ? Petite surprise : les origines du 1er mai comme fête française des travailleurs sont en réalité… américaines !

(Petite précision : cet article a été écrit par nos collègues de French Morning, la version américaine de Maudits Français. Il fait donc référence aux expatriés installés aux États-Unis. Mais comme le Canada et les États-Unis célèbrent la fête du Travail le même jour, les infos restent tout aussi valables de ce côté-ci de la frontière.)

Chicago, berceau du 1er Mai 

Tout commence à Chicago, le 1er mai 1886. Ce jour-là, des milliers d’ouvriers se mettent en grève pour réclamer la journée de huit heures. Quelques jours plus tard, le mouvement dégénère lors d’un rassemblement sur la place Haymarket : une bombe explose, des policiers et des manifestants sont tués, et plusieurs personnes sont arrêtées (plusieurs d’entre elles seront condamnées à mort). 

Ces événements marquent les esprits, aussi bien aux États-Unis que de l’autre côté de l’océan Atlantique. Trois ans plus tard, en 1889, les syndicats européens réunis à Paris choisissent le 1er mai comme journée internationale de lutte des travailleurs, en hommage aux ouvriers de Chicago. Peu à peu, la date s’impose dans le monde entier… mais pas aux États-Unis. Liée aux mouvements socialistes et anarchistes, la commémoration du 1er mai ne convainc pas les autorités américaines, qui préfèrent prendre leurs distances avec cette journée jugée trop rouge, aux accents révolutionnaires trop marqués.

Pour apaiser les tensions sociales, le président Grover Cleveland choisit en 1894 une autre date : le premier lundi de septembre, déjà célébré localement à New York depuis 1882 à l’initiative du syndicat Central Labor Union. C’est ainsi que les Américains se retrouvent aujourd’hui à fêter le travail en septembre, dans une ambiance résolument moins militante qu’en France. 

Un retour à l’esprit originel ? 

Aux États-Unis, le week-end de Labor Day reste avant tout synonyme de repos en famille. Mais depuis quelques années, on observe un retour à l’esprit originel de cette journée, pour des raisons à la fois politiques, économiques et sociales. Comme le souligne Peter Rachleff, professeur d’histoire à la retraite du Macalester College à St. Paul (Minnesota), spécialiste du mouvement ouvrier aux États-Unis : « ces dernières années, plusieurs mouvements sociaux ont remis la question des droits des travailleurs sur le devant de la scène. » C’est le cas notamment des grèves observées récemment chez Starbucks, Amazon ou encore dans l’industrie automobile, où les salariés réclamaient de meilleures conditions de travail. 

Dans un climat économique et social tendu, marqué par l’augmentation du coût de la vie et par des inégalités croissantes, la défense des droits sociaux semble retrouver tout son sens aux États-Unis. Les jeunes Américains, en particulier, paraissent plus sensibles « aux questions sociales et à l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle » que leurs aînés, observe Peter Rachleff. 

Nul besoin de rappeler que la protection sociale des travailleurs aux États-Unis reste très en retard par rapport aux standards européens. À titre d’exemple, le congé maternité payé n’est pas garanti au niveau fédéral, le salaire minimum fédéral plafonne à 7,25 dollars de l’heure depuis 2009 (de nombreux États ont toutefois pris l’initiative de l’augmenter), et l’accès à une couverture santé dépend encore largement de l’employeur. 

Selon l’historien, le retour de Donald Trump au pouvoir contribue également à réveiller les consciences. De nombreuses manifestations sont d’ores et déjà annoncées pour ce lundi 1er septembre, notamment celles du mouvement « Workers over Billionaires », qui entend dénoncer la concentration des richesses et réclamer une meilleure redistribution. 

Dans une Amérique plus que jamais divisée, le Labor Day 2025 ne fera donc pas exception : entre ceux qui voient en ce long week-end une ultime parenthèse de farniente et ceux qui y trouvent l’occasion de rappeler que la lutte continue. 

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