Il est le fils de Georges Simenon, maître du polar et l’un des auteurs francophones les plus traduits au monde. À l’occasion du Salon du livre de Montréal, Pierre Simenon est venu présenter son troisième ouvrage “L’enfant de Garland Road”, alors même que rien ne destinait cet enfant d’écrivain à suivre le parcours paternel.
Il possède la triple nationalité (belge, canadienne et américaine), vit aux États-Unis depuis 33 ans, pense et rêve en anglais… Mais c’est dans la langue de Molière que Pierre Simenon écrit ses romans. Un choix ? Pas vraiment. Plutôt le fruit du hasard et des belles rencontres. Son premier manuscrit, rédigé en anglais, n’ayant pas trouvé d’éditeur américain, arrive un jour dans les mains de Thierry Billard (Flammarion, Plon) grâce à une âme bienveillante. L’éditeur français, aussitôt séduit, décide de le faire traduire. Depuis, Pierre Simenon, fils du maître du polar Georges Simenon, demeure fidèle à son éditeur et à la langue française.
L’écriture, un déclic
Ce sont à la fois le hasard et la nécessité qui ont amené l’homme à l’écriture. À l’époque, celui qui a déjà exercé plusieurs métiers (banque en Suisse, avocat dans le milieu du cinéma à Los Angeles et même plongée sous-marine) ne songe pas franchement à suivre les traces de son écrivain de père. Mais lors d’un road trip à travers les États-Unis, un déclic se produit. Georges Simenon, maître incontesté du roman policier, est à cette période remué par de vieilles histoires, avérées fausses par la suite. Pour Pierre Simenon, l’idée qu’un père puisse être faussement accusé est révoltante. Mais comment faire si les accusations avaient été fondées ? Pierre Simenon part de cette prémisse pour son premier livre, “Au nom du sang versé” (2010).
Le goût de l’écriture
Ce premier essai lui ouvre l’appétit et cinq ans plus tard sort un nouvel ouvrage. Ce deuxième livre naît lui aussi au cours d’un voyage en voiture entre la Californie et le Vermont. Pierre Simenon imagine un dialogue avec son père, chaque paysage lui rappelant des souvenirs. Il s’enregistre et envoie les enregistrements au fur et à mesure à son éditeur qui les fait transcrire. Ainsi apparait “De père en père” (2015), un récit où l’auteur dévoile le lien tendre et complexe à ce père mythique.
Sans se comparer à son père qu’il vénère, Pierre Simenon raconte le besoin d’écrire les lie. L’ami de Georges Simenon, et parrain de son fils aîné, le cinéaste Jean Renoir lui disait souvent : “Georges, on a une chance extraordinaire : quand les gens sont mal dans leur peau, il payent pour aller chez un psy. Toi, tu écris un bouquin et moi je fais un film.” Pierre Simenon a fait de même.
Le troisième roman de Pierre Simenon a été écrit pendant une période difficile, alors que son couple se délitait. Retrouver ses personnages, même amochés pas la vie, était pour l’écrivain une parenthèse, un monde qu’il pouvait gérer et où il avait prise. C’est une histoire qui parle de la fin d’un couple, de la solitude mais aussi d’un possible lendemain ensemble, et qui fait de la relation une voie de guérison. Un vieil homme, au bord du gouffre, se voit confier son neveu de 10 ans dont les parents viennent de mourir dans un accident de voiture. Deux âmes blessées se retrouvent, une rencontre et la capacité à réapprendre la vie. Et puis, le suspens terrible s’invite dans le récit avec l’enlèvement de l’enfant… Captivant.