À la veille du G7 (ou G6+1) qui aura lieu ces 8 et 9 juin 2018 dans Charlevoix au Québec, Emmanuel Macron était à Montréal pour un “entretien restreint” avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. Le président français en a aussi profité pour recevoir une partie de la communauté française au Centre des sciences de Montréal après 30 minutes de conférence de presse. Voici 5 choses à retenir.
La France entretient-elle une relation stratégique ou affective avec le Québec ? C’est par cette question que le chef d’État français a amorcé sa conférence de presse montréalaise. “Les deux, on a le droit !”, a-t-il simplement lancé pour insister sur cet “attachement particulier” et ce “sentiment très fort” qui unit les deux nations avant de noter 5 points clefs de sa rencontre avec Philippe Couillard.
1- Place à la jeunesse québécoise en France
“Je le dis à la jeunesse québécoise : venez passer quelques années en France, nous vous attendons avec plaisir !”, a lancé le président français après avoir rappelé que les jeunes québécois et français “se parlent, voyagent, échangent” et incarnent le dynamisme des relations entre les deux pays. “Il y a déjà une jeunesse française très présente au Québec, à nous maintenant d’attirer davantage de jeunes québécois en France! (…) Il faut que nous soyons plus attractifs notamment en termes de contenus éducatifs dans cet espace francophone que nous partageons.” Rappelons que plus de 10 000 étudiants français sont inscrits dans les universités du Québec, plus de 4500 élèves fréquentent les deux lycées franco-québécois de Montréal et que chaque année, des milliers de jeunes traversent l’Atlantique pour un échange universitaire.
2- Québec, pionnier contre le changement climatique et inspiration pour l’UE
Emmanuel Macron a indiqué que le Québec jouait un “rôle pionnier” dans la lutte contre le dérèglement climatique, rappelant au passage l’accord signé entre le Québec, l’Ontario et la Californie. L’entente permet d’accélérer les progrès accomplis dans la lutte mondiale contre les changements climatiques et démontre un engagement partagé à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. “Si on veut que le système européen converge vers le système que vous avez conçu à trois, il nous faut un prix plancher (…)”, a expliqué Emmanuel Macron. Il en a également profité pour rappeler, avec fierté, que certaines “jeunes pousses” québécoises avaient déjà contribué à son appel à projet “Make our planet great again”.
3- Une déclaration d’intention conjointe en intelligence artificielle
Après avoir vanté les mérites de Montréal, qui a ce vrai “leadership au Canada” en matière d’intelligence artificielle et “un écosystème extrêmement fécond”, Emmanuel Macron a fait savoir que “la France (…) se développe fortement sur ce secteur”. Le Québec et la France ont donc adopté une feuille de route sur la croissance, l’innovation, le numérique et l’intelligence artificielle, prévoyant un renforcement de la coopération franco-québécoise dans ces domaines.
Plusieurs partenariats ont été noués : l’un entre l’Institut Convergence DATAIA à Paris-Saclay et l’Institut de valorisation des données (IVADO), l’autre entre l’Institut PRAIRIE à Paris et l’Institut québécois d’intelligence artificielle (MILA). Enfin, un partenariat entre l’IRT Saint-Exupéry, le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) et l’Institut de valorisation des données (IVADO) a été mis en place.
4- Création d’un fonds d’investissement de 75 millions d’€
“La France est le premier investisseur au Québec, ce qui prouve que mon pays croit en l’avenir du Québec et en sa réussite, mais nous devons aller plus loin, (…) la France pourrait occuper une place bien plus importante”, a insisté le président français qui souhaite accroitre les échanges commerciaux. Il a rappelé que le Québec était une porte d’entrée privilégiée pour les entreprises françaises qui souhaitent s’implanter en Amérique du Nord. Il a ensuite annoncé que la Banque publique d’investissement (BPI) et la coopérative Desjardins allaient désormais appuyer les entreprises françaises et canadiennes dans leur installation grâce à un fonds d’investissements de 75 millions d’euros. “Je veux que la France joue pleinement ce rôle de porte d’entrée, de plateforme au niveau européen pour les entreprises québécoises”. Enfin, il a fait savoir que la mise en oeuvre provisoire de l’AECG entre l’UE et le Canada avait déjà démontré que “certaines craintes n’étaient pas fondées” et que certains premiers résultats étaient “gagnants-gagnants”.
5- La francophonie, une priorité conjointe
Dernier point et non des moindres, la francophonie. “C’est une priorité conjointe de toutes les priorités évoquées avant. Si nous voulons faire plus en matière d’intelligence artificielle c’est aussi pour développer ce nouveau continent dans cet espace linguistique commun (…)”, a-t-il expliqué en saluant au passage l’engagement de l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ). Enfin, Emmanuel Macron a terminé son discours en rappelant que “malgré les distances géographiques et les décalages horaires, il n’y a pas de distance réelle entre la France et le Québec, elles sont abolies par l’Histoire, la langue et par l’amitié”.