Ce lundi 21 octobre, les Canadiens sont appelés à voter pour les élections fédérales, afin de choisir un nouveau gouvernement pour le pays. Plus de 26 millions d’électeurs sont attendus et parmi eux, plusieurs milliers de Français ayant obtenu la citoyenneté.
À Montréal, Patrick Matos, 43 ans, participe pour la première fois à des élections fédérales. Pour ce féru de politique arrivé dans la Belle Province il y a 12 ans, il n’était pas pensable d’ignorer les urnes. « Durant mes premières années ici, je ne pouvais pas voter. C’était vraiment difficile pour moi ! Le Canada est devenu mon pays : j’y vis, j’y travaille et j’y paye mes impôts. J’avais envie de participer à mon devoir de citoyen. Je trouve cela hyper important. »
À travers les journaux et internet, le quarantenaire a suivi la campagne électorale de manière assidue. Et pourtant, il avoue être un peu resté sur sa faim. « Il n’y a pas eu de véritable débat, ni de vision de société. Même pendant les émissions télévisées, il n’y a pas eu de sujet polarisant. Quand l’un dit : “Je suis pro vie”, l’autre répond : “Je suis pour laisser la possibilité aux femmes de choisir”, mais il n’y a pas de véritables débats sur les enjeux qu’implique tel ou tel modèle politique. C’est assez insipide. Il y a eu des petites attaques, mais je n’ai pas senti de projets porteurs, c’est dommage. »
Vote par anticipation
Pour Sophie Lucchese, conjointe d’un Canadien 100 % pure souche et vivant à Montréal depuis dix ans, même démarche. Après les municipales et les provinçiales, la Française originaire de Toulouse vient, pour la première fois, de voter aux élections fédérales. Elle a glissé son bulletin de vote dans l’urne la semaine passée, comme 4,7 millions d’électeurs : « C’est fantastique le vote par anticipation !, dit-elle avec enthousiasme. Je suis allée voter un matin. Un agent nous a accueillis, c’était super calme. Tout est tellement bien organisé ! »
Au Canada, inutile de s’inscrire sur les listes électorales, explique-t-elle. « C’est automatique dès que l’on devient citoyen. » Il y a plusieurs semaines, cette jeune maman a reçu un courrier lui indiquant son lieu de vote et les horaires. Une fois sur place, « il n’y a plus qu’à cocher sur la liste le candidat de son choix, et de glisser le document dans l’urne. Il n’y a pas tous les bulletins de chaque parti politique mais un seul. Autre différence : ici, il n’y a pas le fameux “a voté”, c’est peut être un petit peu moins solennel qu’en France. » Sophie poursuit : « Ici, tout est fait pour faciliter le vote. Le fait que ça se passe en semaine, que les salariés disposent d’une pause sur leur temps de travail pour voter rend aussi les choses plus faciles. Malgré cela, l’abstention reste importante », constate celle qui va passer la soirée électorale devant la télévision à attendre le résultat. Sophie considère qu’il est essentiel de participer à cet exercice démocratique. « Je ne veux pas avoir le regret de dire : “J’aurais dû y aller”. »
Le stress d’une fin de campagne
Quant à Isabelle et Didier Leroyer, arrivés au Québec alors que les années 2000 n’étaient pas encore entamées, ces élections sont presque devenues une formalité : « Nous sommes ici depuis plus de trente ans, nous connaissons l’organisation politique. Au début, je me souviens qu’on essayait de s’y retrouver et de comprendre quels partis étaient à droite ou à gauche, déclare Isabelle. Maintenant, on ne réfléchit plus comme ça. On sait quel parti défend nos valeurs. »
Son époux, lui, observe la fin de la campagne avec inquiétude : « Je ne me souviens pas d’avoir connu de sondage si serré… Lundi va être une journée stressante, je crains le pire », prédit celui qui déclare voter pour Justin Trudeau.
Ces Français devenus Canadiens sont dans les starting-blocks. Isabelle a choisi d’aller voter en tout début de journée. Son mari avisera en fonction de son travail. Patrick Matos, lui, semble avoir hâte : « La première fois que j’ai voté ici, pour les élections provinçiales, j’étais très heureux. Là, c’est le niveau au-dessus. C’est toujours très émouvant. »