Dans le cadre de la campagne des législatives anticipées, French Morning a interviewé les candidats (ceux qui ont accepté d’échanger de vive voix, pas par écrit) en Amérique du Nord. Le premier tour du scrutin commencera dès le mardi 25 juin (midi, heure de Paris) pour le vote en ligne, et se tiendra le samedi 29 juin dans les bureaux de vote (le 30 juin en France).
Olivier Piton ne décolère pas. Le candidat des Républicains et du Nouveau Centre n’a pas de mots assez forts pour dénoncer une dissolution de l’Assemblée nationale « irresponsable », « absurde », « totalement délirante ». La « dissolution de la discorde » comme il l’appelle, « qui crée des problèmes et n’en résout pas. » Et la chambre qui sortira des urnes le 7 juillet prochain, qu’Emmanuel Macron a provoquée souligne-t-il, « on va la garder pendant douze mois. »
L’avocat poitevin de 57 ans, ancien suppléant de Frédéric Lefebvre quand ce dernier était député des Français de l’étranger entre 2013 et 2017, brigue pour la première fois le siège au Palais Bourbon. Pour que, dit-il, sa famille politique soit représentée et pour défendre ses valeurs de droite, dans le cadre « d’aucune alliance et en autonomie totale ». Pas question donc pour l’élu de l’Assemblée des Français de l’étranger (AEF) de nouer une quelconque alliance avec le Rassemblement National, comme le prône Eric Ciotti. Une candidature pour « sortir de l’hystérisation de la vie politique française » et participer au retour du « consensus bipartisan entre la gauche et la droite classiques ».
Olivier Piton croit fermement à la renaissance du clivage traditionnel gauche-droite. Issu de la démocratie-chrétienne, comme il l’explique dans sa profession de foi, ancien conseiller à Matignon sous la présidence Chirac, l’élu reconnaît volontiers que les Républicains vivent « une mauvaise passe » pour des raisons liées à des ambitions personnelles « exacerbées ». Aux européennes, la liste menée par François-Xavier Bellamy, qui s’est dit prêt à voter pour le Rassemblement National contre le Nouveau Front Populaire en cas de duel au second tour, n’a recueilli que 7,2% des voix en Amérique du Nord. Olivier Piton croit malgré tout à un retour en force de son parti.
« Le macronisme est en voie de disparition, il ne survivra pas à Emmanuel Macron, assure-t-il. On va avoir une clarification dans cette campagne, un retour de la vraie gauche et de la vraie droite, et la disparition au milieu qui était, en fait, un écran de fumée. À ce moment là, Les Républicains auront toute leur place ».
Olivier Piton vise particulièrement le député sortant de la majorité présidentielle Roland Lescure, qui fait campagne pour sa réélection avec des « slogans tout droit sortis de cabinet de conseil » estime-t-il. « L’extrême droite, l’extreme gauche… tout ça c’est bon pour Paris. Moi, je vais mener une campagne pour nos compatriotes qui habitent aux États-Unis et au Canada, qui y ont des problèmes spécifiques ». Des préoccupations qu’il dit bien connaître, lui-même implanté, depuis 19 ans, à Washington où il a co-fondé son cabinet. Et un ancrage local que peut également revendiquer sa colistière, Héloïse Brunier, une thérapeute spécialiste de la maladie d’Alzheimer, installée dans la banlieue nord de Montréal depuis deux décennies.
Parmi ses priorités, la fiscalité avec la suppression de l’impôt CSG-CRDS qui ne touche que les Français hors d’Europe; la santé avec le rétablissement de l’obtention de la carte Vitale pour les séniors sans obligation de justifier 15 annuités de cotisation (5 annuités seraient le bon équilibre, selon lui); enfin l’éducation, en sanctuarisant les bourses scolaires. « Depuis des années, on assiste à un effondrement des demandes de bourses parce que la classe moyenne sait qu’elle n’est pas éligible aux critères fixés pour en obtenir une, déplore le candidat Résultat, on a des compatriotes dont les enfants ne parlent plus français. C’est une perte de richesses, culturelle et économique, pour la France. »
Le candidat des Républicains prévoit trois déplacements avant le premier tour, à New York, Miami, Los Angeles. Avec, dans son viseur, le député sortant. « La conclusion du “En même temps” macronien, c’est Jordan Bardella à Matignon. Et Roland Lescure est comptable dans la catastrophe dans laquelle nous nous trouvons. Face à l’extrême droite, il dit qu’il fait le barrage. Mais il n’est pas celui qui fait le barrage, il est celui qui a ouvert les vannes ! »