Un panorama de Paris vous attend à l’entrée, surplombé d’un “N” impérial. Bienvenue à la cour de Napoléon dont le Musée des beaux-arts s’emploie à restituer l’ambiance et l’organisation au carré. Une exposition, rendue possible par de nombreux prêts français et américains, qui prendra ensuite la route des Etats-Unis pour s’achever dans son environnement naturel, au Château de Fontainebleau.
“C’est un projet qui veut établir une passerelle dans la connaissance napoléonienne entre la France et l’Amérique”, lançait Nathalie Bondil, directrice générale du musée, aux journalistes lors du dévoilement de l’évènement. Les 400 oeuvres et objets d’arts, dont la plupart n’ont jamais été présentés en Amérique du Nord, proviennent de 50 prêteurs incluant le Château de Fontainebleau, le Mobilier national, le Musée du Louvre, le Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau et des musées américains prestigieux comme par exemple le Metropolitan de New York ou l’Art Institute de Chicago. Le musée célèbre aussi, de cette manière, les 10 ans de la donation Napoléon au MBAM par Ben Weider, entrepreneur canadien fasciné par le personnage.
L’exposition n’a pas pour objet de rentrer dans le détail des nombreuses batailles menées par Napoléon ni de sa relation passionnée avec Joséphine. “Vous êtes invités à visiter un palais“, précisait Nathalie Bondil aux journalistes. On vous emmène en effet, pièce par pièce, dans les six départements qui composent la “Maison de l’Empereur”. Vous y découvrez les fonctions de ceux et celles (Grand aumônier, Grand maréchal du Palais, Grand maître de cérémonie, Grand chambellan dont la fonction était essentiellement occupée par Talleyrand, Grand écuyer et Grand veneur) qui organisaient le cadre de vie impérial de Napoléon.
Parmi les oeuvres exposées selon une scénographie imaginée par Architem et Graphics eMotion, des tableaux de maîtres (Gérard, Ingres avec le “Songe d’Ossian“, David, Gros), du mobilier impérial (fauteuil de trône à Monte Cavallo), de la porcelaine de Sèvres, des tapisseries de la manufacture des Gobelins démontrent l’excellence de l’art français de l’époque. On y trouve même la fourniture de l’autel du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, l’occasion de se remémorer la relation complexe de l’Empereur avec l’Eglise catholique.
Au milieu de l’exposition, une magnifique table est dressée dans un cube de verre, avec des prêts provenant des deux côtés de l’Atlantique. Napoléon, bien que peu mondain, avait rétabli la tradition des banquets “en grand couvert” en utilisant le “Grand Vermeil”, somptueux service offert au couple impérial après le couronnement.
La visite permet d’explorer tout particulièrement le thème de l’image au service du pouvoir. En introduction, la première pièce invite à revivre la construction du mythe napoléonien à l’aide d’une propagande s’inspirant notamment des empereurs antiques et rois de France. “L’exposition est fascinante pour notre époque et son rapport à l’image des gouvernants actuels“, commente son commissaire, Sylvain Cordier.
La fin du parcours est consacrée à la chute en deux temps de Napoléon avec son premier exil sur l’île d’Elbe, la reconquête et les 100 jours puis le second exil à Sainte-Hélène. Des caricatures françaises et anglaises, dont l’une présente Napoléon gouverneur d’un peuple de rats, referment l’exposition en miroir aux tableaux peints à la gloire de l’empereur en début de visite. À côté, un emprunt métaphorique au musée Bertrand de Châteauroux : une volière qu’il avait apportée sur l’île.
Avant de quitter le musée, rapprochez-vous du grand panorama de Paris disposé dans l’entrée. Il y manque la colonne de Vendôme et les arcs de triomphe des Champs-Elysées et du Carrousel. “C’est du photoshop artistique“, s’amuse Nathalie Bondil. Ces monuments particulièrement associés à Napoléon ont été, en effet, volontairement omis par son auteur, l’artiste Pierre Provost, lorsqu’il a réalisé l’ouvrage après la chute de l'”Aigle”.
On aurait aimé compléter le parcours en explorant un Napoléon plus intime, stratège et conquérant mais le propos du musée n’était pas de traiter l’homme mais “sa dimension monarchique” selon Sylvain Cordier. “On dit qu’il y a eu plus de livres sur Napoléon que de jours depuis son décès“, raconte Nathalie Bondil. Le très riche catalogue de l’exposition complète la collection.