Après le prix du fromage, celui des forfaits téléphoniques au Québec fait sans aucun doute partie des sujets qui donnent aux Français des envies de manifester dans les rues de Montréal. Pour un même service, les tarifs sont parfois plus de 10 fois plus chers que ceux pratiqués en France. Nous avons essayé de comprendre cette différence quelque peu coûteuse.
43$ par mois, sans compter les taxes, pour 1 Go de données chez Bell. 74$ par mois, toujours sans compter les taxes, pour 9 Go chez Vidéotron. 115$ par mois, hors taxe évidemment, pour 10 Go de données chez Virgin Mobile… Pour un nouvel arrivant, le prix des forfaits au Québec est difficile à avaler sachant qu’il est facilement possible d’avoir en France un forfait 4G de 100 Go à seulement 10€ par mois, taxes comprises.
Mais comment expliquer un tel gouffre entre les tarifs pratiqués en France et ceux proposés dans la Belle Province? Nous avons posé la question aux différents opérateurs canadiens et obtenu peu de réponses, si ce n’est aucune. “Nous ne pourrons vous répondre sur le sujet n’ayant pas suffisamment d’informations sur le coût des forfaits en Europe”, nous a par exemple indiqué Telus.
“Comparer le prix des services d’une région à l’autre n’est pas une tâche facile, encore moins d’un pays à l’autre. Les différents tarifs ne concordent pas toujours parfaitement, les services inclus dans les forfaits peuvent varier considérablement”, souligne pour sa part l’Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS).
La différence de prix pourrait tout d’abord s’expliquer par les investissements réalisés par les opérateurs du Canada. Ce qui représente un coût moyen par année de 2,5 milliards de dollars. D’après l’OCDE, le Canada est le 4e pays à investir le plus dans son réseau par rapport à ses recettes, tandis que la France occupe la 7e place. “Cela s’explique notamment par l’étendue du territoire, la faible densité de population et le climat canadien”, justifie l’ACTS.
“Le Canada se classe au premier rang du G7 sur le plan de la vitesse de connexion moyenne. 99 % de la population canadienne a accès à nos réseaux sans fil de classe mondiale et plus de 97 % d’entre eux à des réseaux 4G/LTE. Forcément, quand on compare le prix de ce service à celui offert ailleurs, c’est comparer des pommes et des poires”, ajoute l’Association canadienne des télécommunications sans fil.
Pourtant, d’après une étude comparative commandée l’année dernière par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, les vitesses de téléchargement annoncées les plus élevées l’ont été en France (à savoir, 225 Mo/s, contre 165 Mo/s au Canada). “Les tarifs moyens au Canada en 2016 se sont classés au troisième rang parmi les tarifs les plus élevés après le Japon et les États-Unis”, note l’enquête réalisée pour le CRTC.
Peut-être que l’arrivée d’un nouvel opérateur comme Free Mobile au Canada pourrait casser les prix comme cela avait été le cas en France? Ce ne serait pas si facile d’après Stéphanie Grammond, chroniqueuse à La Presse. “On a vu Clearnet, on a vu Microcell, qui est Fido, se lancer. Mais qu’est-ce qui est arrivé ? Ils ont été rachetés par les principaux joueurs”, a expliqué à Radio Canada, celle qui regrette la présence d’un « oligopole ». Un terme souvent utilisé en France avant l’arrivée de Free…