Aujourd’hui, dans le cadre d’un mouvement mondial lancé par les syndicats de la FSU, des enseignants des lycées français du Canada sont en grève pour protester contre des refus récents de l’Education Nationale de leur accorder ou de renouveler leurs détachements.
Les détachements en question sont ceux de fonctionnaires de l’Education Nationale détachés par leur administration d’origine pour enseigner dans les établissements du réseau de l’AEFE à l’étranger. “Jusqu’à présent, le renouvellement tous les trois ans de ce détachement était systématique. Depuis deux ans environ, l’Education Nationale Française, du fait d’un déficit d’enseignants qualifiés en France, refuse de plus en plus souvent d’accorder ou de renouveler ces détachements“. C’est ce qu’on peut lire dans une lettre adressée cette semaine par les enseignants de Marie de France aux parents d’élèves du primaire concernés par la grève.
Au Canada, selon Isabelle Helene et Magali Moreau, respectivement correspondantes du SNUipp à Marie de France et Stanislas Montréal, les enseignants qui se sentent les plus concernés par cette situation sont ceux du primaire possédant un statut de résident qui ont fait leur vie au Canada, bien souvent avec leur famille. Selon les deux correspondantes, la mobilisation est très suivie : 13 sur 14 résidents à Marie de France, 11 sur 12 à Stanislas Montréal, 4 sur 5 à Stanislas Québec et 9 sur 13 à Ottawa. “Il n’y a plus d’expatriés parmi les enseignants au primaire de Stanislas et Marie de France. Tous les enseignants sont résidents ou locaux“, précisent-elles. Les enseignants du secondaire de ces établissements assurent quant à eux leurs classes aujourd’hui. “Ils se sentent moins concernés par ce mouvement qui a pris naissance au primaire et la situation ne les a pas directement ou personnellement affectés pour l’instant”, ajoutent Isabelle Helene et Magali Moreau.
Le mouvement a commencé en février dernier par une mobilisation d’enseignants du réseau AEFE à la suite du refus de renouvellements de détachements affectant des enseignants du primaire. En réponse à cette protestation, le Ministère de l’Education Nationale avait alors décidé d’accorder tous les renouvellements pour la rentrée prochaine. “À Marie de France, deux enseignants du primaire étaient concernés par ces difficultés”, indique Isabelle Helene.
Néanmoins, les syndicats et les enseignants en grève considèrent que le problème de fond n’est toujours pas réglé. “Nous nous inquiétons pour notre renouvellement mais aussi pour l’avenir du réseau AEFE qui a besoin d’enseignants résidents détachés par l’Education Nationale française“, précise Magali Moreau. Elle évoque son cas personnel : “Mon contrat s’arrête l’année prochaine. D’habitude il est renouvelé tous les trois ans. L’année prochaine j’attendrai que mon département accepte ou refuse mon détachement“, déplore l’enseignante.
Dans ce contexte d’inquiétude, les soutiens sont appréciés par les enseignants mobilisés. “On n’a pas eu de réponse ni positive ni négative de nos directions“, note Isabelle Helene. “Mais dans nos actions précédentes les directions étaient aussi inquiètes que nous“, précise Magali Moreau. Selon les deux correspondantes, le mouvement sert aussi l’intérêt des établissements qui pourraient se retrouver dans des situations délicates pour remplacer certains enseignants. Du côté des parents d’élèves, “il y a eu deux ou trois collègues de différents niveaux qui m’ont dit avoir reçu des lettres de parents leur manifestant leur soutien“, confie Isabelle Helene.