Le Breton d’origine qui a grandi à Lyon et qui vit à Vancouver présente son nouvel album à Montréal jeudi 14 novembre, dans le cadre du festival Coup de coeur francophone.
Il fait partie de ceux qui ont tout lâché pour venir vivre au Canada sans savoir à quoi s’attendre, pour « repartir de zéro », en rêvant d’un avenir plus doux ailleurs. Loig Morin a débarqué à Vancouver en famille, avec des jumeaux, et pas grand-chose dans la valise, ni dans le porte-monnaie. « Avant de partir, j’ai même vendu tous mes instruments. On avait envie de quelque chose de nouveau, et on voulait partir très loin. »
En France, Loig Morin avait tenté de percer dans la musique. Repéré à l’adolescence par William Scheller, il a même enregistré grâce au célèbre pianiste son premier album et côtoyé le mundillo de la planète musicale. Mais il en faut bien plus encore pour espérer en vivre, et surtout s’y épanouir.
En arrivant dans son nouveau pays, ce Breton né sur l’île de Groix, et qui a passé une grande partie de son enfance à Lyon, imaginait tout recommencer. « Après les passages à vide que j’avais connus en France, je n’avais pas vraiment l’intention de refaire de la musique. » Mais le destin en décide autrement. La musique le rattrape et ne le quittera plus.
Il fait son trou à Vancouver
À Vancouver, Radio Canada diffuse tout d’abord ses créations et le collège de France repère l’artiste. Loig Morin se voit offrir la possibilité de réaliser une résidence de deux ans auprès des élèves de l’établissement. Comme les notes d’une chanson douce, le musicien retrouve peu à peu le goût de composer, d’écrire, de produire. « J’ai monté mon studio d’enregistrement pour les jeunes et les artistes locaux. » Il devient aussi programmateur musical de la fashion week de Vancouver (poste qu’il occupe toujours). La partition est écrite d’avance : Loig Morin se remet à l’écriture. Il sort un album, La Rivière, qui lui vaut plusieurs nominations, et une belle reconnaissance. Et Citadelle, son nouvel opus, paru fin octobre.
Un album très personnel
L’ancien fan de The Cures ou The Smith s’est largement assagi ! À la fois sensibles et poétiques, nourries d’électro pop mais aussi de ses racines celtiques et d’influences anglo-saxonnes, ses chansons évoquent les turpitudes d’une vie faite de « hauts et de bas ». Un album de la maturité dans lequel le musicien s’assume pleinement. « En quittant la France, et mon groupe, c’est un peu comme si je m’étais débarrassé de mes vieux démons. En France, je me cachais sans doute derrière le groupe ; ici, personne ne me connaissait, je pouvais être celui que je suis vraiment. » Et revenir à une identité musicale plus honnête sans doute, et très personnelle : « Avec Citadelle, je ne voulais surtout pas de cette musique trop marquée de l’époque. Je ne voulais pas tomber dans le piège de cette électro qu’on n’écoutera sans doute plus dans trois ans », sourit-il.
Sur les ondes francophones
En faisant le grand saut de l’autre côté de l’Atlantique, celui qui pensait noyer sa fibre artistique l’a au contraire révélée : « Le Canada est le pays qui m’a ouvert ses bras, et Vancouver, la ville où l’on s’est réalisé. Nous avons eu une chance ici », dit-il en savourant l’actuelle période riche en rebondissements. Les opportunités se succèdent pour cet artiste qui ose enfin prendre le large. L’orchestre métropolitain de Vancouver va interpréter son nouvel album. Et récemment invité à l’émission de Monique Groux sur Ici Musique, Loig Morin va désormais voir ses titres diffusés sur les ondes des radios francophones en France, Suisse, Belgique… Des dates devraient suivre dans l’Hexagone. C’est ce qu’on appelle un retour gagnant.