Nous avions rencontré Voyou en 2019. À cette époque, son premier tube Seul sur ton tandem connaissait un succès retentissant et il faisait salle comble au Ministère de Montréal. Quatre ans se sont écoulés depuis, et l’artiste fait son grand retour à Montréal avec un troisième album pour jouer aux Francos.

Retrouver Montréal 

« Je reprends possession des lieux, je retourne dans les endroits que j’aime et je prends un malin plaisir à montrer à mes musiciens les endroits que j’aime », déclare l’artiste qui raconte avoir déjà vécu plusieurs mois à Montréal. 

Depuis qu’il a atterri en terres québécoises avec son équipe, il arpente les rues de la ville et redécouvre le charme du Mile-End, les nachos de la Casa del Popolo, les restaurateurs mexicains du marché Jean-Talon et la poutine de chez Claudette. Thibaud Vanhooland, qui répond sur scène au nom de Voyou, retrouve Montréal comme s’il ne l’avait jamais quittée. 

« Je suis trop heureux, ça avait été une belle expérience, j’avais fait de belles rencontres », se remémore le musicien qui s’est lié d’amitié avec le chanteur québécois Pierre Lapointe.

La légèreté comme moyen d’action 

Voyou a sorti il y a quelques mois son troisièmes album, Les royaumes minuscules. Il rend les honneurs à la nature et aborde avec légèreté des thématiques importantes. 

« Tout est extrêmement violent dans la manière dont sont amenés les sujets environnementaux, sociaux et même politiques. J’ai l’impression que les chansons, et l’art en général, aident à donner une image un peu plus légère de ces choses-là et à donner envie de rejoindre la cause », pense Thibaud Vanhooland.

« C’est dur de s’intéresser au sujet environnemental si tu ne vois que des forêts qui brûlent, en tout cas je préfère prendre le parti de ceux qui parlent de la forêt quand elle ne brûle pas », poursuit ce dernier.

Tout affronter grâce à la musique 

« Quand je fais de la musique j’essaie de me rapprocher des choses qui me font du bien ou dont j’ai besoin dans ma vie », confie Voyou qui raconte que la musique est pour lui une source de guérison. 

Dès son plus jeune âge, il a masqué sa timidité derrière les instruments à vent, en particulier la trompette. « Quoi qu’il arrive, je reviens toujours à la trompette, c’était ma première voix d’expression. C’était compliqué pour moi d’aligner quatre mots pour parler aux autres, mais souffler dans une trompette ne me rendait pas du tout timide », raconte le multi-instrumentaliste. 

« Quand j’écris des chansons qui parlent de rupture amoureuse, de dépression ou de la perte de quelqu’un, ça me force à passer du temps sur ces sujets-là et à les exorciser, les comprendre et apprendre à dompter tout ce qui pourrait commencer à se transformer en angoisse », explique l’artiste. S’ils parlent à première vue de la nature, beaucoup de ses textes abordent davantage les relations humaines.

Sa chanson Deux oiseaux parle indéniablement d’amour :
« La vie la vilaine fait des siennes
À ses pauvres enfants
Pris dans des amours parallèles
Ils n’ont jamais le temps
De s’aimer un peu »

Aux yeux de Thibaud Vanhooland, écrire sur des sujets lourds est un moyen de « passer du temps » avec eux et de mieux les comprendre et les apprivoiser. 

Marqué au fer rouge par le Nord de la France 

Thibaud Vanhooland, 34 ans, a grandi dans une banlieue de Lille, dans le Nord de la France, où il y a selon lui « un gros brassage culturel et social ». 

Sa musique, empreinte d’une sensibilité particulière envers autrui, est ce qu’il qualifie de « musique à hauteur d’homme ». Il attribue cette sensibilité à sa jeunesse passée dans cette région où le vivre ensemble lui a été inculqué. « Je crois qu’il y a quelque chose de magique dans le Nord qui n’est pas présent partout en France. Les gens vivent tellement ensemble avec des gens différents, que ça devient la normalité d’être proche des autres », explique le natif du Nord.

Même s’il ne compare pas Montréal à sa région, Voyou apprécie le côté accueillant de Montréal, « une vraie terre d’accueil pour ceux qui ont envie de vivre sans problème avec leurs différences ». Il mentionne notamment avoir été marqué par le fait qu’une femme puisse s’habiller comme elle le souhaite au Québec en toute tranquillité. 

Voyou vient pour la première fois de l’autre côté de l’Atlantique accompagné de ses musiciens. Il est prêt à présenter son troisième album, une ode à la beauté et à la complexité de la nature et de l’être humain. Il assure qu’il poursuit son écriture et promet l’arrivée prochaine de nouvelles créations.