On ne compte plus les voyageurs qui sillonnent les routes d’Amérique du Nord à bord de leur van. À la découverte du Québec, du reste du Canada ou encore des États-Unis, chacun choisit sa formule. Si une petite lumière scintille en vous lorsque vous lisez sur la vie de baroudeur, c’est que vous êtes probablement fait pour ça. Alors libérez le vanlifer qui est en vous, et foncez ! Mais avant de vous lancer, voici quelques conseils pour vous préparer au mieux à votre première aventure sur la route.
Voiture break, minivan, van ou encore camping-car de luxe… il n’existe aucune règle pour devenir vanlifer, à l’exception de faire de son véhicule sa maison.
De nombreux voyageurs jettent leur dévolu sur le Dodge Grand Caravan, une mini fourgonnette parfaite pour être aménagée. C’est avec ce véhicule qu’Aubin Coste a traversé le Canada et les États-Unis pendant deux mois. Selon le Français de 31 ans, ce Dodge est fiable et maîtrisé par les mécaniciens.
Si vous n’avez pas de véhicule, l’idéal est d’en acheter un pendant la période creuse et en dehors de Montréal. Le prix peut varier du simple au double entre octobre et le début de la période estivale et s’avérer sensiblement plus bas à l’extérieur de la métropole.
Et si vous craignez les contraintes hivernales, l’une des astuces est de le remiser à l’abri des intempéries. C’est ce qu’a fait Amélie Serrure, une baroudeuse montréalaise de 36 ans. Cette Française à l’âme bricoleuse a conçu il y a quelque années son premier kit d’aménagement amovible pour sa Jeep Cherokee avant de partir à la découverte de la Gaspésie.
Les possibilités sont infinies. Certains voyageurs optent pour un repli des sièges arrières, glissent un matelas dans le coffre et prennent la route. D’autres se lancent dans la fabrication d’aménagements sur mesure à partir de planches de bois ou s’achètent un kit prêt à l’emploi.
Des spécialistes fabriquent et vendent des aménagements pour les véhicules. Roadloft, par exemple, propose une variété de kits amovibles. Le Baroudeur, expert de renom à Montréal (nous l’avons rencontré en 2018), propose aussi un service de location de véhicules déjà aménagés et prêts à prendre la route.
Si vous fabriquez vous-même votre kit, vous devrez vous assurer de choisir un bois à la fois solide et léger. « Tu ne peux pas prendre n’importe quelles planches car la voiture ne doit pas dépasser un certain poids. Rien que notre set-up de bois nous a coûté 800 $ », lance Fyorine Broutier. Avec un kit fabriqué de toutes pièces, cette Française de 28 ans a sillonné le Canada et les États-Unis pendant quatre mois avec son conjoint et sa meilleure amie, du grand nord de l’Alaska jusqu’au désert du Texas. Elle conseille d’ailleurs de ne pas trop encombrer le véhicule pour éviter toute surcharge. En plus, une voiture plus lourde consomme considérablement plus de carburant.
Tous nos témoins-voyageurs sont unanimes sur la question : lorsqu’on voyage en van, il faut savoir faire preuve de débrouillardise.
Niveau d’huile, liquide de refroidissement, fréquence de la vidange, contrôle des pneus… mieux vaut connaître quelques rudiments avant de se lancer dans l’aventure. Il est également bon de connaître son véhicule comme on connaît un membre de sa famille, ses petits défauts et ses bruits étranges, afin de pouvoir s’inquiéter quand c’est nécessaire. Avant de prendre la route, pensez aussi à vous familiariser avec les conditions de couverture de votre assurance.
Amélie Serrure suggère de dédier un budget aux imprévus mécaniques. « Tu as beau avoir checké ton véhicule, l’avoir fait inspecter au garage, ça reste un véhicule qui voyage. Si tu pars plus d’un mois, sois certain qu’il t’arrivera des bricoles », assure cette voyageuse expérimentée. (Si vous voyagez aux États-Unis, ajoutez à cela un budget pour couvrir d’éventuels soins médicaux.)
« On est tombés sur de bons garagistes, et comme on était curieux, on s’est glissés en dessous de la van et il nous a montré deux ou trois trucs », raconte Amélie Serrure. Si vous souhaitez apprendre les rudiments de la mécanique, pourquoi ne pas demander à votre mécanicien de vous expliquer les fondamentaux et de vous indiquer les éléments importants à surveiller ?
Une dernière chose ! Si vous avez le temps, testez votre véhicule et son aménagement une nuit ou deux avant votre grand départ afin de vous assurer que tout fonctionne.
Pour trouver un stationnement pour la nuit, la plupart des vanlifers ne jurent que par iOverlander. Cette application communautaire localise sur une carte des points pratiques comme les emplacements de camping sauvage, les campings, les douches, points d’eau, stations essence, mécaniciens… tout ce qui permet à un vanlifer de vivre au quotidien. « Je n’ai eu besoin que de ça pour traverser le Canada », se souvient Aubin Coste. L’application Park4night est une autre option pour trouver des stationnements.
En arrivant dans une nouvelle ville, la première chose que fait Fyorine Broutier est de se rendre dans son office de tourisme, un moyen d’avoir accès à certains services offerts par la municipalité.
Pour éviter de payer pour leur hébergement, de nombreux vanlifers cherchent des alternatives au camping. Avez-vous déjà entendu parler des stationnements de Walmart ? Si vous regardez attentivement au fond des parkings de ces grands magasins, vous y verrez probablement quelques véhicules stationnés. En dormant sur place, vous pouvez accéder aux toilettes et à un point d’eau avant la nuit. Bien-sûr, c’est autorisé.
Surveillez également les Village-relais, les municipalités célèbres pour leur hospitalité et leur côté sécuritaire. Elles offrent souvent la possibilité de s’y stationner pour la nuit. Gardez un oeil également sur le Go Van Club, qui propose un réseau d’espaces de halte développés spécifiquement pour les vans.
Ne courrez pas toujours après les solutions sans frais. Si vous partez pour la Colombie-Britannique, vous devrez sans doute réserver des campings, c’est obligatoire dans les parc nationaux.
La vie en van comprend son lot de défis, entre la solitude pour certains et la promiscuité pour ceux qui ont un compagnon de route. Il n’existe pas de méthode universelle, la vie dans un espace restreint requiert une certaine adaptation.
Aubin Coste a choisi le voyage en solitaire. Pour s’ajuster à son nouveau rythme de vie, il a appris à synchroniser ses activités avec le soleil : « Si tu es quelqu’un d’urbain et fêtard, c’est du changement. Il faut être prêt à faire face à la solitude, à t’occuper à partir de 18h avec un livre, à télécharger des films et à te coucher à 21h parce que le soleil est couché et il n’y a plus rien à faire. »
Si vous ne vous fixez aucune date retour, vous flirterez avec l’élasticité du temps et pourrez jouir d’une sensation de liberté sans égal. « Au début, tu as ton itinéraire tracé, mais quand tu réalises au bout de trois jours que tu peux faire absolument ce que tu veux, c’est un sentiment de liberté et de simplicité incroyable », observe Aubin Coste.
La vanlife peut susciter des appréhensions, mais ce n’est qu’un pas à franchir. « Si tu te demandes si tu es capable de le faire, sache que tout le monde l’est », assure Aubin Coste, certain d’avoir découvert son mode de voyage favori.
Votre entourage peut se montrer frileux face à un tel projet de voyage, surtout si vous quittez votre emploi pour partir à la découverte du monde. Avant de partir pour quatre mois, Fyorine Broutier a choisi de faire abstraction des inquiétudes de ses proches. « Ce qui m’a marquée, c’est l’incompréhension de mes proches qui me demandaient de quoi j’allais vivre après avoir quitté mon travail, leurs peurs te font peur alors qu’ils ne font même pas partie du projet », estime la voyageuse. Elle ajoute avec conviction : « Il ne faut pas les écouter, au pire tu te plantes, et alors ? Ma devise de road trip, ça devait être ça : et alors ? »
Selon Fyorine Broutier, le voyage en van incite à aborder la vie avec plus de simplicité et de légèreté. « Certains jours, tu vas être sale, tu vas te taper sur les nerfs, avoir faim et froid, mais les paysages et la qualité de vie que ça va t’offrir, ça vaut tout. Quand tu reprends la route le lendemain, tu croises des gens qui te font sourire, et tout va mieux », certifie-t-elle.
« La vanlife en Amérique du Nord, c’est quelque chose de vraiment ancré, il y a une énorme communauté qui s’entraide beaucoup », assure Aubin Coste. Pendant son voyage en solo, Aubin n’a jamais réellement été seul. Il a pu compter sur une grande communauté de vanlifers qui s’est toujours montrée de bon conseil. Il est resté connecté à des groupes comme Communauté Vanlife Québec et Vanlife Canada. Pour vous informer sur la vanlife, vous pouvez suivre le site spécialisé Go Van.
Une dernière recommandation avant que vous ne preniez la route. Optez pour des habitudes de tourisme responsable en suivant les principes du Leave No Trace, faites en sorte de ne laisser aucune trace de votre passage !
Bonne route !