On peut dire que Laurent Lafitte aime changer de registre. Pensionnaire de la Comédie-Française, l’acteur n’a pas fini de nous surprendre au cinéma. Il nous parle de ses rôles dans trois films très différents, présentés à Cinemania.
Dans “Un peuple et son roi“, l’acteur incarne Louis XVI, dépassé par la Révolution française, forcé à regagner Paris puis exécuté. Un personnage qui lui semblait “injouable” avant de l’aborder. “C’est une figure, quelqu’un sur lequel tout le monde peut avoir un avis (…). En plus, il est face à des événements particulièrement tragiques“, commente le comédien.
Le film de Pierre Schoeller, dont nous avons également parlé ici avec Olivier Gourmet, offre une représentation inédite de ce roi tragique, souvent montré bedonnant et simple d’esprit. “On le voit plus désemparé que stupide, commente l’acteur. Je pense que c’est ce qui se rapproche le plus de la vérité historiquement.”
Depuis sa prestation impeccable dans le troublant film “Elle“, de Paul Verhoeven, Laurent Lafitte reçoit davantage de propositions pour jouer dans des thrillers. Il présente à Montréal deux films flirtant avec ce registre. “Ce sont un peu des faux thrillers“, précise l’acteur. “Ils trouvent leur efficacité dans la forme du thriller mais le film “L’heure de la sortie” est plus un film politique et militant, et “Les fauves” est une sorte de fable sur le désenchantement, l’éveil à l’imaginaire, à la sensualité.” Dans les deux cas, l’ambiance est déroutante, lourde voire inquiétante.
Dans “Les fauves“, de Vincent Mariette, l’acteur incarne un personnage intrigant vers lequel Lily-Rose Depp — très convaincante en adolescente qui s’ennuie dans un camp de vacances en Dordogne — est irrésistiblement attirée. Les rumeurs autour d’un félin qui dévorerait des disparus se propagent avec insistance…
Pour “L’heure de la sortie“, adaptation du livre éponyme par Sébastien Marnier, l’acteur a tourné avec une bande d’adolescents dont il est le professeur. Remplaçant un collègue qui s’est suicidé pendant un cours, il développe une paranoïa vis-à-vis de ses élèves précoces. “C’était un peu bizarre car, quand ils sont nombreux, les ados restent un peu entre eux“, raconte Laurent Lafitte à propos du tournage. “On n’était pas très proches, comme j’ai pu l’être avec les ados de “Papa ou maman” (…) mais je n’ai pas essayé de casser cela car ça servait le film“. Parfait, en effet, pour incarner son personnage paranoïaque !
Au-delà de ses codes empruntés au thriller, le film porte un message écologique. “Les ados de maintenant doivent se projeter dans un monde un peu compliqué, commente le comédien. Où trouvent-ils l’optimisme propre à la jeunesse (…), qui est programmé pour nous donner le moyen de réussir les choses? (…)”.
https://www.youtube.com/watch?v=W0_-3VFp0dg
Après Montréal, l’acteur retournera sur les planches du Théâtre du Vieux Colombier avec la Comédie-Française pour “Le voyage de G. Mastorna“, d’après un scénario de Fellini.
Que de pas franchis depuis son passage, très jeune, par le sitcom “Classe Mannequin”! “Ryan Gosling était au Disney Club !“, lance Laurent Lafitte qui ne regrette pas cette “expérience très fun“. Une belle envolée en tout cas pour l’acteur touche-à-tout qui séduit aujourd’hui autant le public que la critique.