Sa présence est un incontournable dans la plupart des grandes villes du globe, pourtant elle manquait à l’appel à Montréal depuis des années. L’Alliance Française vient de réouvrir ses portes dans les locaux de Montréal Cowork et dispense ses premiers cours de français.
L’Alliance Française de Montréal devient la dixième Alliance Française du Canada. L’organisation promeut la culture francophone partout dans le pays, à Calgary, Edmonton, Halifax, Moncton, Ottawa, Toronto, Vancouver, Victoria et Winnipeg.
Même si elle a disparu pendant plusieurs années, Montréal reste une pionnière des Alliances Françaises en Amérique du Nord, puisqu’elle avait ouvert dès 1902. L’association a été développée par la journaliste et écrivaine Geneviève de la Tour Fondue, fille d’un vicomte français, tout au long du siècle dernier. C’est elle qui a fondé la Fédération des Alliances Françaises du Canada.
« Elle avait une vision très littéraire de ce que peut-être une Alliance Française, ce n’était pas centré sur l’apprentissage du français, c’était un club sélect de Français de la haute bourgeoisie, et les personnes qui s’en occupaient n’avaient pas préparé la relève », explique Stéphanie Froissart, la présidente de l’Alliance Française de Montréal. Le décès de Geneviève de la Tour Fondue en 2000 a entraîné peu de temps après la disparition de l’association montréalaise.
La francophonie au sens large
L’initiative de cette renaissance revient à son directeur général, Christophe Brayet, un passionné d’innovation et de nouvelles technologies. Il a œuvré trois ans à la tête du conseil d’administration de l’Union Française de Montréal.
Au moment de constituer son équipe, Christophe Brayet a sollicité Stéphanie Froissart pour devenir présidente. Expatriée au Québec depuis une trentaine d’années, avec une parenthèse de sept ans à Taïwan, cette dernière a une expérience certaine à faire valoir en matière d’enseignement et d’enjeux interculturels.
La nouvelle équipe entend développer l’Alliance sous trois volets: l’enseignement du français, la promotion de la culture francophone et l’inclusion des communautés ethno-culturelles.
Les Alliances Françaises, reconnues mondialement pour l’apprentissage du français, proposent désormais à Montréal des cours et des examens certifiés par le label Alliance Française, gage de l’excellence de l’enseignement. « Nous ne sommes pas dans le stéréotype du français avec le béret et la baguette, les manuels utilisés dans les cours font constamment référence à la culture québécoise », souligne Stéphanie Froissart. Elle ajoute que l’immersion culturelle occupe une place centrale dans l’apprentissage, offrant une expérience émotionnelle qui dépasse l’aspect purement rationnel et pédagogique de la maîtrise du français.
Sur le plan culturel, l’association se présente comme un lieu de rencontre pour les francophiles. « On donne du dynamisme à la scène culturelle locale en français », ajoute Stéphanie Froissart. L’Alliance Française entend promouvoir les artistes francophones locaux, notamment ceux de la scène québécoise, tout en offrant un point de chute aux artistes français de passage à Montréal. Des événements comme des séances de dédicace et des conférences s’inscriront au calendrier.
L’Alliance Française de Montréal s’engage également à mettre en avant la diversité culturelle du territoire. « On va travailler avec la Ville pour faire la promotion des événements autochtones. Nous sommes dans l’inclusion de toutes les communautés, et pas uniquement les communautés immigrantes. Les Autochtones notamment font partie du visage de la diversité », explique la présidente.
« Les Français sont les pires nouveaux arrivants parce qu’ils ne préparent pas bien leur immigration. Certains croient qu’ils feront tout facilement et pensent que le Québec c’est la France en Amérique du Nord, alors que c’est le contraire, c’est plutôt l’Amérique du Nord en français », renchérit Stéphanie Froissart.
« En organisant des rencontres conviviales comme des vins et fromages, et en diffusant les épreuves des athlètes francophones aux Jeux Olympiques, la communauté française pourra se rassembler », illustre cette dernière.
L’Alliance Française déploiera des moyens pour accompagner la communauté française dans son processus d’intégration au Québec. « Il y a beaucoup d’échecs d’expatriation car il y a une mauvaise compréhension des codes culturels locaux », précise-t-elle. Pour remédier à cela, elle prévoit l’organisation d’ateliers, de conférences et d’événements culturels visant à promouvoir l’interculturalité, une notion essentielle pour s’épanouir à Montréal.