Quand approche la mi-juillet, Montréal est en pleine effervescence, toute la ville vit en extérieur et chacun attend son événement favori. Pour des centaines de Montréalais, la féria est un incontournable, un retour aux sources pour certains. Vêtus de blanc, un bandana noué autour du cou, ils se retrouvent sur la place Viger pour une fête de village toute en fanfare. Ce vendredi 12 juillet marquera un moment spécial pour les fondateurs de la Féria de Montréal, qui célèbreront son dixième anniversaire.
La plupart d’entre vous le savent probablement déjà, les férias viennent d’une contrée bien éloignée du Québec. Elles tirent leurs origines du sud-ouest de la France, de l’Espagne, du Portugal et de l’Amérique latine… en somme, de tous les pays où se pratiquent les corridas et les lâchers de taureaux. La tradition autour de la féria (qui signifie foire en castillan) renvoie toutefois à une chose de bien plus universelle et rassembleuse : la fête de village.
Et comme toute bonne tradition, il était inévitable qu’une poignée de Français nostalgiques veuille transmettre ce concept aux Québécois. Yan Niesing et ses amis ont pris les devants il y a dix ans. Ces passionnés de musique de fanfare et de rugby, un sport intimement lié à la culture du sud de la France, ont apporté leur fièvre des grandes célébrations à leur ville d’adoption.
« Pendant la troisième mi-temps, au rugby, on se retrouvait toujours quelque part pour fêter avec une bière. Un copain jouait du trombone, et on a pris l’habitude de jouer quelques chansons avec des instruments, puis l’équipe se mettait à chanter », se souvient Yan Niesing, fondateur de la Féria de Montréal. Avec ses amis et leurs instruments de cuivre, ils ont fini par former une banda, une fanfare typique des défilés de rue du sud-ouest. Ils ont joué dans plusieurs soirées, jusqu’à organiser leur première féria de Montréal en 2013, en présence de quelques centaines de personnes.
La Féria de Montréal reprend la plupart des traditions de la féria. Vous n’échapperez pas au paquito (regardez cette vidéo si vous n’en avez jamais entendu parler, les images parlent d’elles-mêmes), et vous chanterez en cœur des classiques du répertoire français comme Emmenez-moi et Le temps des fleurs. Préparez-vous également à entendre de nombreux paso doble.
« Il y a des choses qui sont difficilement transposables, comme la ferveur du sud-ouest, mais la banda est présente, et c’est sacré », souligne Olivier Sirey, Français de 29 ans. Si ce natif du sud-ouest de la France, le berceau des férias, ne retrouve pas à Montréal l’effervescence unique de sa région, il se réjouit de voir des bons vivants de tous horizons s’amuser ensemble.
À la Féria de Montréal, c’est l’esprit de camaraderie qui règne. « On s’habille en rouge et blanc pour effacer les marqueurs sociaux, comme dans les carnavals. Ce jour-là, tout le monde est égal, on fait la fête de la même façon, pas de carré VIP, pas de passe-droit », affirme Yan Niesing. Il encourage à prévoir une tenue confortable et à ne pas craindre de se salir. Après tout, si votre t-shirt est tâché, cela signifiera que la fête était bonne.
Pour sa part, Olivier Sirey apprécie le mélange des communautés. « Peu importe qui tu es, quel âge tu as, d’où tu viens, tout ce qui compte c’est d’être un bon vivant », souligne le participant.
Pour Yan Niesing, la féria est bien plus qu’une simple festivité. « C’est un peu la fierté du village. Le 24 juin on est fiers d’être Québécois, le 1er juillet on est fiers d’être canadiens. Les Féria, c’est la même chose à l’échelle d’une ville, on fête Montréal. On met en avant la communauté et on montre à quel point on est fiers de vivre à Montréal », explique-t-il.
L’attraction croissante de ce rendez-vous annuel est indéniable. Il attire désormais jusqu’à deux milliers de fêtards chaque année. Yan Niesing nourrit de grandes ambitions pour l’avenir de la Féria : « Les Montréalais aiment fêter et montrer leurs talents, ils doivent s’emparer de la Féria et célébrer Montréal sur la Place des Arts », s’exclame-t-il.
Pour vivre l’expérience unique d’un croisement entre un carnaval et un oktoberfest allemand, rendez-vous dès 17h le vendredi 12 juillet au square Viger pour célébrer les dix ans de la Féria de Montréal. L’événement est gratuit et familial. Tous les détails sont disponibles ici.
Les festivités se poursuivront pour les plus motivés à partir de 22h dans les locaux de l’Union française. Pour réserver vos billets pour la Bodega, cliquez ici.