On ne présente plus Jérôme Ferrer, ce chef français de renommée internationale qui fait saliver tout Montréal avec les plats concoctés au sein de son restaurant Europea depuis maintenant 17 ans. On a profité de la sortie de son dernier livre La bible des sauces (où sont répertoriées 1000 recettes dont celle de la poutine !) pour lui rendre visite : une rencontre aux petits oignons.
Avant d’arriver au Québec en l’an 2000, Jérôme Ferrer qui vient de fêter ses 43 ans, avait déjà tenu un restaurant en France en compagnie de ses acolytes de toujours : Ludovic Delonca et Patrice De Felice. “On a commencé dans les Pyrénées-Orientales à Saint-Cyprien où on avait un restaurant qui fonctionnait bien l’été, qui avait très bonne presse mais qui ne nous permettait pas de vivre”, confie le chef qui, en 1998, suivi par Ludovic et Patrice, décide de prendre une semaine de vacances pour réfléchir où il ferait bon s’établir.
“Par pur hasard, le Québec a fait partie de nos envies de destination communes ! En une semaine, on a tout visité de Niagara jusqu’à Tadoussac et en rentrant en France, on s’est rendu à l’évidence : pourquoi ne pas s’installer au Québec ?”. Deux ans et demi plus tard, les trois amis d’enfance débarquaient à Montréal, leur résidence permanente en poche.
Avant d’en savoir plus sur ce que les Québécois avaient dans le ventre (et dans leur frigo), le chef a cumulé les petits boulots : manufacturier de courrier, camelot de journaux, ouvrier dans une usine de recyclage de nuit (baptême du froid !), etc. “Avec Ludovic et Patrice, il nous est arrivé de cumuler deux ou trois emplois par jour pour subvenir à nos besoins ! On a pris une belle leçon de vie : il ne faut jamais rien prendre pour acquis.”
Et puis, il y a le destin qui fait parfois bien les choses et auquel Jérôme croit quand bien même cela n’a pas toujours été facile (ndlr : sa compagne est décédée d’un cancer foudroyant à l’âge de 33 ans). “On a traversé des moments douloureux chacun dans nos vies personnelles et professionnelles mais on n’a jamais rien lâché”, raconte Jérôme Ferrer qui a fait une rencontre déterminante en la personne de Francis Reddy, animateur à Radio Canada.
“Il a parlé de nous dans son émission Flash au cours d’une chronique qui ne durait que 3 petites minutes et ça a été la chance de notre vie. Petit à petit, on est passés de 10 clients à 30, etc“, se souvient celui qui gère maintenant une centaine d’employés et qui a ouvert plusieurs restaurants depuis.
Un bistrot typiquement français pour 2018
Porté par son art et adepte du “karaoké culinaire” qui consiste à adapter ce que font les autres à sa sauce, Jérôme Ferrer a toujours pris soin de travailler avec des produits locaux en y ajoutant une bonne dose de technique française. “Ici, je me suis laissé aller à mes émotions et à mes sentiments, ça a plu !”, confie simplement celui qui considère Europea comme une grande famille.
Ses projets ? Début 2018, il prévoit de lancer un nouveau concept de restaurant : un bistrot typiquement français avec des plats traditionnels comme le cassoulet, le boeuf bourguignon ou la blanquette de veau, entre autres. “Ça devrait plaire aux maudits Français de Montréal ça…”, lance le chef qui réfléchit même à pousser le concept en utilisant uniquement des produits français et à demander aux visiteurs de présenter leur passeport français à l’entrée du restaurant. “J’aimerais aussi organiser des soirées avec de la musique et pourquoi pas faire appel à des accordéonistes. Autant jouer le cliché à fond !”. Béret obligatoire ? À voir.
Quant aux tarifs, ce seront ceux des bistrots habituels, donc nettement plus accessibles que ceux d’Europea. On salive déjà…