C’est pour présenter deux films bien différents que Jérémie Renier est venu au festival Cinemania : “L’amant double” de François Ozon, et “L’ami, François d’Assise et ses frères”, de Renaud Fély et Arnaud Louvet. Dans le film d’Ozon, qui sortira sur les écrans québécois le 24 novembre, il incarne deux jumeaux aux caractères opposés.
C’est un challenge, mais aussi un beau cadeau pour un comédien d’incarner deux rôles différents dans un même film. Jérémie Renier s’en sort haut la main dans “L’Amant double”, thriller érotique dans lequel une femme un peu perdue, Chloé (la très belle Marine Vacht) tombe dans les bras et le lit de deux jumeaux psychanalystes aux méthodes et caractères très différents. Autant Paul est paternel, doux, rassurant, autant son jumeau Louis peut se révéler inquiétant, manipulateur.
Le calendrier du tournage a aidé Jérémie Renier à mieux s’approprier chaque personnage, sans être parasité par son jumeau. “On a pu couper le film en deux parties : une première partie où je ne faisais que Paul et une autre où je ne faisais que Louis donc j’ai pu me plonger dans chaque rôle sur une longue période, raconte-t-il.
Pour façonner le personnage de Louis, l’acteur a revisionné “9 semaines 1/2”. “Pour le côté pervers narcissique de Mickey Rourke, qui reste charmant, explique-t-il. C’était une source d’inspiration (…). Je voulais qu’on trouve dans Louis quelque chose d’attirant, qu’il ne soit pas juste un pervers et qu’on comprenne l’attirance de Chloé pour lui“.
Son travail sur les jumeaux s’est naturellement appuyé sur sa propre relation avec son frère aîné, le comédien Yannick Renier. Comme dans le film, les deux frères évoluent dans le même milieu professionnel. Selon Jérémie Renier, c’est dans le rapport aux autres que cette situation peut se révéler parfois délicate. “On arrive à exister l’un et l’autre (…) mais c’est plus le regard des gens, le discours qu’ils ont sur nous, la comparaison : comment on se compare soi-même et comment les autres nous comparent et du coup cela transforme notre perception“, analyse-t-il. Un jeu de miroirs d’autant plus intéressant que dans “L’amant double”, les jumeaux sont vus selon la représentation qu’en a leur amante, Chloé.
Avec “L’Amant double”, c’est la troisième fois que Jérémie Renier travaille sous la direction de François Ozon, qu’il admire pour sa capacité à se réinventer. “Il est très versatile, passant de “Frantz” à ce film-ci, puis le prochain qui n’a rien à voir, avec chaque fois de vraies propositions de genres différents. Mais ce qui est très fort c’est que contrairement à d’autres réalisateurs qui peuvent aussi passer d’un genre à un autre, il y a une pâte. On peut reconnaître un de ses films, que ce soit un thriller ou une comédie.” Sans oublier son humour. “J’adore son côté malicieux, taquin. Le cinéma est un terrain de jeux pour lui et il s’amuse”, commente l’acteur.
Au Québec, Jérémie Renier aimerait travailler avec Denys Arcand ou Xavier Dolan. Il a aimé le film “Tadoussac”, qu’il a pu voir lors de son passage à Montréal. Mais c’est en tant que réalisateur lui-même qu’il assurera la promotion en France de son film “Les Carnivores” en mars prochain. Une fable horrifique co-réalisée avec son frère sur deux soeurs comédiennes. Décidément Jérémie Renier n’a pas fini de jouer avec les miroirs.