Chaque année début novembre, Cinemania est devenu le rendez-vous incontournable des Montréalais friands de cinéma francophone. Nous avons rencontré son directeur général, le Français Guilhem Caillard, qui nous a dévoilé quelques-unes des surprises préparées pour cette 24ème édition de Cinemania.
Cinemania, un festival qui se développe et rajeunit
Une légère pointe d’accent rappelle ses origines du Sud de la France, même s’il a toujours travaillé à Montréal après ses études à Montpellier, Avignon et Concordia. Depuis que Guilhem Caillard a rejoint Cinemania, le festival a gagné en réputation et en popularité, en particulier auprès des jeunes.
“Cinemania a vécu ses premières heures au Musée des beaux-arts de Montréal où il a lancé sa réputation d’événement incontournable de l’automne, commente le Français qui a fait ses armes en 2011 à la programmation du festival fondé par Maidy Teitelbaum, avant d’en assurer la direction générale en 2014.
“Notre objectif a été de resserrer les liens avec les industriels du cinéma et de rétablir la réputation de Cinemania auprès d’eux en leur montrant comment ils pouvaient l’utiliser comme une rampe de lancement solide pour les films de leur catalogue“, explique le directeur. Les équipes du festival se sont attachées également à “rayonner davantage (…), se répandre dans le maillage culturel” et “être une porte très importante sur la francophonie“.
Guilhem Caillard a tout particulièrement fait du renouvellement du public une priorité. “L’un des principaux défis est le renouvellement des spectateurs qui doit demeurer une priorité car, même pour un événement déjà bien installé tel que le nôtre, un public n’est jamais vraiment acquis, et doit se travailler constamment, explique le directeur. Toutes les couches d’âges et les sensibilités doivent coexister dans nos salles“.
En invitant des personnalités comme Stéphanie Sokolinski (Soko), égérie de la communauté LGBT, en apportant des films du nouveau cinéma francophone parfois un peu plus “rentre-dedans” et en développant les projections scolaires, le festival a réussi à attirer une jeune communauté cinéphile. “Nous sommes passés de 4% de spectateurs de 25 ans et moins en 2010-2011, à 20% aujourd’hui, précise Guilhem Caillard. C’est un public difficile à convaincre et on y travaille très fort“.
Une nouvelle édition qui met à l’honneur la Suisse et la Normandie
Pour cette 24ème édition, le festival proposera 90 séances dont 50 premières, avec “beaucoup de films en costumes qui parlent de problématiques actuelles à travers d’autres époques”, nous révèle Guilhem Caillard.
Cette année, la Suisse sera le pays à l’honneur. “A travers sa programmation, sa création mais aussi le rôle fondateur qu’elle joue dans la coproduction francophone, précise le directeur. On va présenter des films suisses très beaux qu’on a vus à Berlin, à Cannes et à Angoulême“, promet le Français qui a invité la réalisatrice suisse Ursula Meier à cette occasion.
La région à l’honneur sera la Normandie : “une terre d’éducation à l’image novatrice depuis des années et d’accueil de courts et longs métrages incroyables“, commente Guilhem Caillard.
Le film “Doubles vies”, d’Olivier Assayas avec Juliette Binoche, Guillaume Canet et Vincent Macaigne, ouvrira le festival. “C’est un film formidable qui pose des questions d’une grande actualité sur les transformations du milieu de l’édition, commente le directeur. On y parle du milieu parisien mais la problématique est internationale (…). Au Québec, le milieu de l’édition est d’une vivacité incroyable“. Des éditeurs et auteurs comme Simon Boulerice ou Martine Delvaux seront invités à accompagner cette ouverture.
Le festival se refermera avec “Edmond”, d’Alexis Michalik, en présence du jeune acteur français Thomas Solivérès. “Il est incroyable, se réjouit Guilhem Caillard. C’est la première fois qu’on le voit dans un vrai rôle de composition (…). C’est l’occasion de le faire découvrir au Québec, de créer cette rencontre autour d’un grand film en costumes“.
À noter également la coproduction France-Québec-Belgique “Emma Peters”, en pré-ouverture, avec l’actrice canadienne Monia Chokri qui sera cette année à l’affiche de deux films présentés à Cinemania. “Une comédie un peu loufoque avec des airs d’Amélie Poulain qui a eu une résonance importante à Venise“, décrit le directeur.
Un soutien pour le cinéma français au Québec
Avec “Le Grand Bain”, de Gilles Lellouche qui vient également d’être annoncé par l’équipe du festival et l’ensemble des films français programmés, Cinemania continuera de promouvoir le cinéma français, qui vit une période compliquée au Québec.
“Il y a eu une explosion du cinéma québécois dans les 10-15 dernières années, explique Guilhem Caillard. Il occupe désormais la place qu’occupait auparavant le cinéma français comme étant numéro 2 au Québec. C’est un mal pour un bien. (…) Je crois sincèrement que nous sommes en bas d’un creux et que ça va remonter. Des initiatives comme le Cinéma Moderne ou le Cinéma du Musée sont de belles manières de faire en sorte que les choses reprennent une bonne voie (…). On travaille très fort pour que le cinéma français continue et progresse et le succès de Cinemania montre que le public est là“. Nous, pas d’hésitation, on y sera !