Quand on l’écoute, on devine une femme décidée, curieuse et lucide. Faustine Colin a passé plus de dix ans à gravir les échelons du retail, entre McDonalds France et IKEA. Un quotidien bien rodé : un travail prenant, deux jeunes enfants, des week-ends à cheval, une vie dense, parfois trop.
« On avait besoin de changer de décor, de se reconnecter à quelque chose de plus simple. On avait deux jeunes enfants, une vie bien réglée, mais on courait tout le temps. On voulait ralentir », confie-t-elle au micro de French Expat. Alors quand IKEA lui propose de rejoindre le siège mondial de l’entreprise, Faustine n’hésite pas longtemps. L’occasion est trop belle : changer d’air, de rythme, de regard. Et surtout, offrir autre chose à ses enfants.
Malmö, ou l’art de vivre lentement
Aujourd’hui installée à Malmö, dans le sud de la Suède, la famille découvre un monde à part : des horaires flexibles, des bureaux qui se vident à l’heure du goûter, et une culture où la parentalité est au cœur du système.
« Ici, les journées commencent tôt, mais tout le monde rentre à 16h. Personne ne se regarde de travers si tu pars chercher tes enfants à l’école. C’est normal », raconte Faustine. Alors oui, l’hiver est long et la lumière rare, mais l’équilibre bien réel. « En Suède, on fait des enfants… et on s’en occupe », parce que la société est adaptée aux familles.
Ce qu’elle découvre surtout, c’est une forme d’efficacité douce, loin de la frénésie qu’elle et son mari ont connue. « En France, tout est urgent. Ici, les gens planifient, anticipent. Et surtout, ils respectent les horaires, le temps des autres, le sien. C’est fou comme ça change ton rapport à la journée. » Pour autant, tout n’est pas aussi simple qu’il y paraît.
L’expatriation, un «accélérateur de vie»
« C’est un pays où tout est fait pour que tu n’aies pas besoin d’aide sauf qu’en réalité, quand tu en as besoin, c’est mal vu », confie Faustine qui précise que les métiers de nounous et de babysitters n’existent pas en Suède. Alors l’idéal d’autonomie peut vite se transformer en pression silencieuse. « Les jeunes parents doivent tout gérer eux-mêmes. C’est très bien d’un côté, mais ça peut être dur à vivre quand tu es épuisé ou isolé. Demander un coup de main, c’est presque perçu comme un échec. »
Professionnellement, Faustine saisit cette parenthèse comme une opportunité. Après plusieurs années dans ce grand groupe d’ameublement, elle ressent le besoin de prendre du recul. « J’ai pris une année sabbatique pour réfléchir à ce que j’avais envie de faire. C’était la première fois que je m’autorisais à ne pas être dans l’action. » Elle en profite pour entreprendre un Executive MBA en France, tout en explorant de nouvelles pistes professionnelles. Au passage, elle découvre la startup We are remoters, qui accompagne les expatriés du monde entier à trouver un logement à l’étranger. Conquise par la mission de l’entreprise, elle y réalise une activité de conseil nécessaire pour valider son diplôme. « Ça m’a permis de mettre des mots sur ce que je veux vraiment : continuer à travailler, oui, mais différemment. Avec du sens. »
Pour Faustine, partir vivre à l’étranger n’est pas seulement un changement d’adresse, c’est une mue. « L’expatriation, c’est un accélérateur de vie. Tu perds tes repères, donc tu te découvres autrement. » Sourire dans la voix, Faustine confesse qu’elle ne craint pas de recommencer ailleurs. « Les cartons ne me font pas peur. Quand tu as bougé une fois, tu sais que tu peux le refaire. Mais pour l’instant, on se sent bien ici. »
🎧 Son histoire est à écouter dans French Expat, le podcast de celles et ceux qui vivent loin de chez eux.
French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : Spotify, Apple Podcast, Deezer, Google Podcast, Podcast Addict, Amazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.