Julien Laporte et Lilian Gourbin, deux amis du Sud de la France, viennent d’ouvrir une boulangerie-restaurant d’inspiration française dans le quartier Jarry. Un projet longuement mûri qui rencontre déjà un beau succès.
Le soleil tape sur les grandes baies vitrées et inonde le 751 rue Jarry est. À l’intérieur, dans une ambiance décontractée, s’activent Julien et Lilian, les deux patrons d’une nouvelle boulangerie baptisée Fanfare. Le premier est aux fourneaux, le second au fournil et ensemble ils font résonner depuis deux mois une nouvelle musique pleine de saveurs dans ce secteur de Montréal en plein développement. En réalité, Fanfare est un peu plus qu’une boulangerie. “Notre idée n’était pas juste de vendre des baguettes. Depuis le début, on avait envie d’ouvrir un restaurant”, raconte simplement Lilian Laporte.
“Ça prend du temps et beaucoup d’argent”
Sur place, Fanfare régale aussi bien par sa grande variété de pains aux farines bios que par les plats bien inspirés de Julien, ancien chef au Lion d’Or et au Petit extra. Mais pour parvenir à jouer ensemble la bonne mélodie, les associés originaires du sud de la France (Toulouse pour Julien, Montpellier pour Lilian), ont mûri leur projet durant plus de trois ans. “Ça prend du temps et beaucoup d’argent”, affirment-ils dans un parler très québécois. Arrivés il y a une dizaine d’année sur le territoire canadien, ils ont chacun pris le temps de s’adapter au pays et à l’environnement, de construire leur propre histoire et de se sentir québécois — les complices ne sont pas du genre à cultiver leur identité française — avant de se lancer dans l’aventure. Si Julien Laporte a gravi un à un les échelons de la restauration, débutant à la plonge, Lilan Gourbin, lui, travaillait auparavant dans l’environnement. Il s’est reconverti à la boulangerie sur place. “On a désormais notre vie ici, notre famille. On aime la mentalité et la tranquillité du Québec. Quant au quartier, on l’a choisi parce qu’on y vit ! On ne se voyait pas aller travailler à l’autre bout de la ville.”
L’âme d’entrepreneurs
Depuis deux mois, ces nouveaux entrepreneurs se dédoublent pour mener à bien la partition de Fanfare qui connait chaque jour une belle affluence, et notamment les brunchs du week-end. “Ça fait plaisir ! Nous sommes stressés mais confiants”, avoue Lilian Gourbin. Julien Laporte complète : “On y met beaucoup de nous. Par exemple, nous avons fabriqué tous les meubles nous-mêmes ! On veut quelque chose qui nous ressemble.” Une adresse qui adhère aux valeurs d’une agriculture plus raisonnée et d’une consommation plus responsable, autant dire que le bouche-à-oreille tourne à plein régime.
Encore en phase de lancement, Fanfare va progressivement prendre son rythme de croisière. Le chef envisage déjà de développer les plats véganes de la carte et le boulanger souhaite bientôt faire du compost. Une autorisation de terrasse et de permis d’alcool sont aussi en cours. En attendant, le duo français mène sa jolie affaire avec une élégante sobriété, sans tambour ni trompette mais avec la baguette aussi déterminée que celle d’un chef d’orchestre. Et d’ailleurs pourquoi Fanfare ? “Parce qu’on aime tous les deux la musique des pays d’Europe de l’est !”, s’amusent les deux fanfarons.