Au Québec, de nombreuses professions sont protégées par une association professionnelle. Cela signifie donc qu’il faut parfois passer par un processus d’équivalence et un stage pour obtenir un permis d’exercice dans la province.
C’est le cas de la profession d’infirmier, pour laquelle l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) a mis en place plusieurs options en fonction de son parcours.
Il existe deux cas de figure pour les personnes diplômées en France, et un autre pour ceux diplômés ailleurs.
Le gouvernement du Québec reconnaît le diplôme d’État d’infirmier délivré par la France grâce à une accord de reconnaissance mutuelle (ARM). Cela permet alors d’exercer la fonction d’infirmier clinicien, emploi obtenu au Québec après un baccalauréat (licence) en sciences infirmières.
Pour répondre aux exigences du règlement de l’ARM, il faut répondre à trois critères :
C’est le cas de Maëva Lucet, infirmière en France depuis 2012. Après avoir envoyé des candidatures spontanées, elle trouve rapidement du travail.
« C’était en 2021, en période de pandémie. Pour récupérer en France auprès de l’Ordre national des infirmiers (ONI) et de mon école d’infirmière, les papiers nécessaires à ma demande de permis d’exercer au Québec, ça a été très long », se souvient-elle. Arrivée au Québec en août 2021. Elle ne rentre en poste qu’en janvier 2022 après avoir obtenu son permis temporaire.
Pour cela, il a été nécessaire de fournir à l’OIIQ une lettre d’embauche mentionnant la date de début du stage dans son milieu de travail. Elle commence alors son stage d’adaptation rémunéré à l’Institut de Cardiologie de Montréal qui dure 45 jours travaillés, nécessaire à l’obtention d’un permis définitif et à l’inscription au tableau de l’OIIQ.
« Dans un premier temps, j’étais accompagnée par une infirmière pour qu’elle me montre tout puis dans un deuxième temps, j’étais en phase de consolidation où j’étais plus autonome. » Pour Maëva, la réalisation de ce stage a été très instructive et lui a permis de se familiariser avec l’organisation des soins et le fonctionnement des services. Elle ajoute que cette expérience permet de comprendre les rôles de chacun des types d’infirmières. « En France on a qu’un seul type d’infirmière et ensuite il y a les aides-soignantes : ici il y a plusieurs types comme les infirmières cliniciennes, les infirmières auxiliaires, les infirmières praticiennes et les préposées aux bénéficiaires. » Par exemple, elle précise que beaucoup de soins techniques comme les prises de sang et certains pansements sont délégués aux infirmières auxiliaires, alors que l’administration de médicaments est effectuée par l’infirmière praticienne. « C’était bizarre au départ qu’on m’enlève des soins que j’avais l’habitude de faire en France »
Le stage terminé, elle a pu demander son permis d’exercice définitif. La première inscription au tableau de l’OIIQ a coûté 279,01 $ à Maëva pour la première année (du 1er avril au 31 mars), puis elle s’élèvera à 523,32 $ pour les années suivantes.
Cette deuxième situation est bien souvent rencontrée par les jeunes diplômés d’État d’infirmier de France qui n’ont pas eu le temps d’effectuer les 500 heures de travail exigées pour répondre à l’ARM.
Dans ce cas-ci, il faudra tout d’abord constituer un dossier de demande d’équivalence de diplôme avec un certain nombre de documents listés sur le site de l’OIIQ. Les frais de traitement s’élèvent à 339,18 $.
Une fois la reconnaissance d’équivalence obtenue, l’OIIQ attribuera le statut de candidat ou candidate à l’exercice de la profession infirmière (CEPI), qui permettra alors de faire une demande d’attestation d’exercice à titre de CEPI (AECEPI). Cette attestation permettra de travailler jusqu’à la réussite de l’examen professionnel, dont le coût de l’inscription s’élève à 638,11 $. Une fois l’examen professionnel de l’OIIQ réussi, qui se tient deux fois par année, il est devient possible d’obtenir un permis d’exercice définitif. Il permet ensuite de s’inscrire au tableau de l’OIIQ pour exercer le métier d’infirmier clinicien.
Pour les infirmiers diplômés de l’étranger hors de France, il existe un troisième cas de figure. Il faudra faire une demande d’admission par équivalence, dont le coût s’élève environ à 800 $.
Pour cela, il sera nécessaire, entre autres, de réaliser une demande d’évaluation comparative des études effectuées hors du Québec auprès du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Il faudra également compléter la grille comparative de la formation et de l’expérience professionnelle et envoyer le tout à l’OIIQ. Le délai de traitement indiqué sur le site Web de l’OIIQ est estimé entre 8 à douze semaines.
C’est la situation qu’a rencontrée Océane Uda, une Française arrivée en juillet dernier, après avoir été diplômée en Belgique et avoir travaillé sept ans en France tout en étant inscrite à l’ONI.
La jeune femme a choisi de réaliser ses démarches avant de s’installer au Québec afin de rapidement pouvoir travailler dans son secteur une fois sur place : « J’ai mis deux ans à obtenir mon équivalence, le temps d’obtenir mes papiers auprès de mon université en Belgique alors que je vivais en France et de faire les démarches auprès du MIFI et de l’OIIQ »
Elle estime que l’ensemble de la démarche, incluant les frais de permis de travail et la visite médicale obligatoire pour les personnes travaillant dans le milieu de la santé, lui a coûté entre 2000 et 3000 euros.
Après avoir fait une formation théorique rémunérée d’une semaine, elle réalise actuellement un stage rémunéré de 40 jours. Il lui permettra d’obtenir le statut de CEPI et de passer par la suite l’examen pour s’inscrire au tableau de l’OIIQ.
Malgré son expérience française et son niveau d’études universitaires, sa reconnaissance de diplôme lui permettra d’exercer comme infirmière technicienne, titre décerné au Québec aux personnes diplômées d’un Diplôme d’études collégiales (DEC) en soins infirmiers.