Lors des prochaines élections provinciales qui auront lieu en octobre, Ève Torres pourrait se présenter dans la circonscription de Mont-Royal-Outremont sous l’étiquette Québec Solidaire. La nouvelle serait passée inaperçue si la candidate en question n’était pas une femme voilée. Originaire du sud de la France, la militante est aujourd’hui au coeur d’une polémique qui a relancé le débat de la laïcité au Québec.
Ève Torres a grandi en région parisienne, puis s’est installée au Québec il y a près de 20 ans. Elle s’est assise sur les bancs de l’Université de Montréal et l’Université Laval pour y faire des études en sciences humaines. Son parcours l’a menée à diriger un service de garde, puis à être assistante de recherche à la commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
Convertie à l’Islam, féministe revendiquée et mère célibataire de 3 enfants, la Française raconte sans pudeur son parcours atypique dans la Belle Province. “Je suis française d’origine espagnole, musulmane, avec une très forte attache à la culture maghrébine, et je suis québécoise. Il n’y a ni concurrence ni rien qui ne fonctionne pas. C’est ce qui fait ma force. Je suis capable d’assumer mon identité”, raconte-t-elle au Devoir.
Mais il n’est pas question pour elle de devenir la représentante des minorités ou la candidate en charge des questions communautaires : “Je ne suis pas une candidate qui porte un foulard et qui forcément doit prendre la parole sur des enjeux d’identité ou des questions religieuses. On a d’autres choses à dire.” Un message qui a du mal à passer auprès de certains chroniqueurs québécois estimant que le voile est une provocation.
Avant de devenir la première femme voilée candidate à des élections provinciales, la néo-Québécoise devra d’abord obtenir l’investiture de Québec solidaire le 26 mai prochain. “En politique, si on est vraiment honnête et qu’on se soucie des gens, on est capable d’amener les discussions ailleurs. C’est vraiment mon souci. Je suis convaincue qu’avec Québec Solidaire, on a la capacité de le faire”, a-t-elle déclaré au Journal Métro.