Ils s’étaient inscrits pour une année -ou plus- d’études à Montréal, pour y découvrir un monde nouveau. La COVID-19 les a relégués derrières leurs ordinateurs, la plupart des universités québécoises s’étant repliées sur des cours en ligne. Tant bien que mal, ils tentent de tirer profit de l’expérience malgré tout.
“En ligne on perd la motivation”
Yann, étudiant en journalisme à l’UQAM est reconnaissant que les universités aient réagi rapidement : « Je ne vois aucune autre solution à part les cours en ligne pour pouvoir continuer nos études. Même si ce n’est pas top, les universités ont quand même su s’adapter », apprécie le jeune homme de 20 ans. Mais il n’est pas évident de rester motivé. « La présence physique oblige à être plus préparé au cours, plus disponible et plus engagé. En ligne, chez soi, on n’a pas les mêmes dispositions, on se fait vite influencer par ce qu’il y a autour. Ça réduit le niveau de motivation », argumente Paul, étudiant en maitrise en management des entreprises culturelles au HEC Montréal depuis janvier 2020.
Julia va elle aussi dans le même sens. Au moment du confinement, en mars dernier, elle avait alors pris la décision de rentrer en France. Même si la jeune étudiante a continué à faire ses travaux et à participer aux examens, elle ne suivait plus les cours en ligne : « J’oubliais que j’en avais. Ça n’avait plus la même valeur qu’en présentiel », se rappelle l’élève en études cinématographiques.
Le décalage horaire freine aussi la motivation. C’est notamment le cas d’Océane K, étudiante en maîtrise en communication publique et journalisme international à Laval, qui n’a pas pu revenir au Québec à cause de délais plus longs que prévu avec les papiers d’immigration. « Parfois, j’ai des cours qui commencent à 15h30 heure du Québec donc il est 21h30 en France. Et ce sont des cours qui durent 3h en général donc ça finit vraiment tard », raconte la jeune femme de 21 ans.
En manque de contacts sociaux
Une autre des difficultés rencontrées par les étudiants est le fait de ne pas réussir à vraiment « connecter » avec leurs camarades. Ils ressentent un vrai manque de contacts humains, tant au niveau de leurs amis que dans la relation avec leurs professeurs : « À distance c’est assez difficile de remplacer le contact avec le professeur, les regards interrogateurs et les émotions entre les élèves », raconte Yann. « Je vais dans une école pour apprendre, mais aussi pour rencontrer du monde, me créer un cercle de connaissances, avoir des groupes de projet ensemble et boire des coups après les cours. Ça, ça me manque beaucoup », poursuit Paul.
Étudiante en sciences politiques, Océane N confie aussi mal vivre le fait de ne plus voir ses amies et sa famille : « je ne peux plus me déplacer en Ontario pour voir ma famille et voir mes amies me manque ».
Lutter contre la solitude
Pour contrer ce manque, Paul s’est impliqué dans une association étudiante. Il a aussi créé un groupe d’entraide pour les personnes de sa cohorte afin de partager des informations, des documents et de réviser ensemble : « On se retrouvait sur différentes plateformes 1h/1h30 chaque jour. Ça nous a permis de fonder un groupe soudé très spontanément. J’avais vraiment besoin de ça » raconte-t-il.
Quant à Julia et Océane N, c’est grâce à leur conjoint sur place et leur famille en France qu’elles se sentent moins seules au quotidien : « Heureusement que j’ai mon copain avec moi, ça m’aide beaucoup ! Puis aussi, j’appelle souvent ma mère », exprime Julia.
Yann quant à lui mise sur les réseaux sociaux et les jeux vidéo pour garder le contact avec ses proches. Même chose pour Océane N qui écrit très souvent à ses copines pour garder un lien. Elle se sent aussi moins seule grâce au fait de vivre avec son conjoint, tout comme Julia, même si cette dernière s’est tout de même posé la question d’un éventuel retour en France, pour moins vivre de solitude. « Je me suis demandé si ça servait à quelque chose de vivre à Montréal, de payer un loyer… alors que je peux suivre les cours de n’importe où puisqu’ils sont en ligne. J’ai hésité à rentrer dans ma famille pour moins souffrir de leur absence », confie la jeune étudiante de 20 ans.
Continuer, coûte que coûte
Malgré une certaine peur de passer à côté de leur expérience universitaire à Montréal, les étudiants restent optimistes quant à la situation et convaincus de rester au Québec. Océane K, Yann, Julia et Océane N souhaitent poursuivre leurs études « à tout prix ». Même réflexion du côté de Paul qui reste motivé : « J’aimerai m’installer et travailler ici et la COVID ne m’a pas fait changer d’avis. Il va vraiment falloir se démarquer pour trouver du travail, conclut-il, mais je suis bien ici et je veux y rester ».