C’est en Estrie, dans la municipalité de Stanstead qu’Alice Berthe s’est installée avec sa petite famille depuis deux ans et demi pour faire grandir Enfants Sauvages, une ferme qui offre des fleurs issues d’une agriculture locale et responsable.
Le pouce vert et de la suite dans les idées
Alice, née d’une mère française et d’un père colombien, a partagé son enfance entre le nord de la France, près de Lille, et Nice. Elle découvre Montréal à 18 ans, au cours d’un tour du monde. « Pour la petite anecdote, je suis arrivée en plein mois de juin en doudoune », se souvient-elle en riant. Quatorze ans plus tard, la liste de ses projets, à la fois créatifs et citoyens, ont définitivement marqué Montréal. Entrepreneure dans l’âme, elle œuvre dans la médiation culturelle, crée ses propres projets d’agriculture urbaine (Les Jardineries au Parc Olympique; Récolte de ville – Pesto solidaire, sur le toit du Palais des Congrès de Montréal; God Save the Queen à la Fonderie Darling, etc.) et se passionne pour l’apiculture. « Les abeilles ont transformé ma vie », s’exclame celle qui a rencontré son amoureux et partenaire d’affaires Thierry Bisaillon-Roy sur une ferme maraîchère, également grâce à l’apiculture.
La naissance du projet, une vie à la campagne
À 32 ans, maman d’un petit Hazel d’1 an 1/2, elle termine une formation de sage-femme, « un continuum, une déclinaison de quelque chose d’essentiel », et se consacre à son nouveau bébé Enfants Sauvages, qui au-delà d’offrir des fleurs, est également un studio de design floral, une destination agrotouristique et un centre de formation pour les agriculteurs de demain.
L’histoire commence avec une maison tombée du ciel : « on ne cherchait pas du tout à devenir propriétaire, et un jour, en ouvrant Facebook, on voit passer cette petite annonce qui vendait une terre de 26 acres avec une forêt, un étang, un verger… pour une bouchée de pain. La seule condition, c’était que les nouveaux propriétaires aient un projet en agriculture. Moi, j’étais passionnée de fleurs et Thierry voulait faire pousser des patates. On s’est lancés. »
La relève des fleuristes écoresponsables
Depuis, le couple a affiné le projet. Au total c’est une soixantaine de variétés de fleurs qui embaumera la ferme de mai à fin septembre. Des anémones, des pavots, des tournesols et autres pois de senteur : la liste est longue. À la manière des paniers de fruits et légumes bios, Enfants Sauvages proposera ses bouquets fraîchement cueillis dans des points de chutes à Montréal, Sherbrooke, Magog et Ayer’s Cliff – pour le moment – via des abonnements floraux et des bouquets en précommande chaque semaine : fini le gaspillage! Des ateliers de conception de couronnes de fleurs et de l’auto-cueillette dans ce bel endroit bucolique sont également au programme.
Grandir grâce au financement participatif
Pour étendre et devancer les saisons, Alice et Thierry ont lancé une campagne de financement participatif pour gagner en autonomie énergétique et construire des infrastructures et des serres adaptées au climat du Québec. Pas question ici de construire une serre tropicale, mais plutôt de faire pousser des fleurs au frais. « Nous sommes dans une zone où il y a régulièrement des coupures d’électricité, ce qui peut devenir problématique et dangereux. Il faut savoir aussi que la cueillette de fleurs nécessite tout un procédé en amont. Il faut les couper tôt le matin et les réhydrater en chambre froide pendant 24h pour qu’elles se gorgent d’eau. »
La suite? Intégrer de l’art au projet et développer l’agrotourisme : « c’est sûr que l’on veut partager l’espace, mais il faut bien réfléchir au comment. »
On a hâte (et on espère) visiter cet endroit enchanteur dès les premiers bourgeons!