On avait déjà parlé d’elle ici. ‘‘Je fais de la photographie depuis que j’ai 16 ans. Depuis que j’ai commencé, je travaille exclusivement en argentique.’’ Sarah Seené, une Française débarquée au Québec par amour, nous charme maintenant grâce à “Encrées“, une série de photos mettant en vedette les femmes de Ville Saint-Laurent.
Pour la troisième édition de la Résidence in-situ, mise en place par la Maison Photo et les Archives de Montréal, c’est Ville Saint-Laurent qui est mis en avant. La photographe Sarah Seené a décidé ‘‘d’aller à la recherche des femmes du quartier, attachées à l’arrondissement et à son histoire’’.
C’est en consultant les archives de la ville qu’Encrées est né. ‘‘Je n’ai trouvé que très peu de visages féminins parmi les innombrables images d’hommes et d’architecture. Pourtant, ce sont les femmes qui donnent naissance aux générations futures qui continuent de peupler le quartier.’’
La série de photographies “Encrées” est le fruit de recherches menées sur ‘‘l’empreinte féminine intergénérationnelle de Ville St-Laurent’’. L’artiste est une habituée des démarches en lien avec le féminin. Dans “Encrées”, elle a voulu mettre en lumière les générations de femmes qui supportent le quartier. Ses portraits, touchants et sincères, montrent ici une femme enceinte, là quatre générations de femmes d’une même famille. ‘‘Ce sont les femmes qui font vivre le quartier. J’ai voulu leur rendre hommage, alors qu’elles ne sont souvent définies que comme l’épouse ou la fille d’un homme.’’
Dans une deuxième partie de l’exposition, Sarah Seené a décidé de re-photographier des images d’archives. Elle a décidé de reprendre de nombreux portraits de famille.‘‘J’ai décidé de mettre de côté les hommes pour remettre les femmes au centre. Les portraits argentiques sensibles et délicats de ce projet célèbrent les lignées de mères et de filles qui ont habité l’arrondissement et celles qui l’habitent encore.’’
Les femmes sur les tirages sont donc ancrées dans leur quartier. ‘‘M’est alors naturellement venu en tête l’homonyme “encrées’’ désignant la matière photographique de ce projet marqué par l’intense douceur de ses noirs et blancs.’’
Sarah Seené travaille essentiellement autour de la pellicule (35 mm, Super-8 et Polaroid). La photographe est particulièrement attachée au développement en chambre noire. ‘‘Travailler en argentique permet une approche totalement différente de celle du numérique’’, explique-t-elle. ‘‘Avec un numérique, on mitraille.’’ Une approche qui ne l’intéresse pas. L’artiste avoue aimer prendre son temps, faire de belles prises de vues, réfléchir à ses images avant de les prendre. ‘‘Et ce qui me plaît beaucoup, c’est de ne pas voir la photo tout de suite.’’
‘‘Il y a une différence entre prendre une photo et photographier. Tout le monde prend des photos avec son téléphone mais photographier demande un vrai travail de réflexion sur l’image.’’ Ses projets intimes et sensibles mettent en lumière des visages, des corps. Ainsi, selon l’artiste, la photographie permet un ‘‘contact profond avec l’homme et ses sentiments.’’
Le vernissage de son exposition aura lieu ce vendredi 26 juillet à partir de 17h à la Bibliothèque du Boisé. C’est un rendez-vous.