Dans le cadre de la campagne des législatives anticipées, French Morning a interviewé les candidats (ceux qui ont accepté d’échanger de vive voix, pas par écrit) en Amérique du Nord. Le premier tour du scrutin commencera dès le mardi 25 juin (midi, heure de Paris) pour le vote en ligne, et se tiendra le samedi 29 juin dans les bureaux de vote (le 30 juin en France).
Se lancer à 25 ans dans la campagne législative, c’était « instinctif », dit-il. Elias Forneris est le benjamin des candidats en Amérique du Nord. Il se présente sous les couleurs de Nouvelle Énergie, le nouveau parti de centre-droit de David Lisnard, le maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France, et dont la création a été précipitée par la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier. « On visait avant tout la présidentielle de 2027, précise-t-il. Mais il y a une crise politique en France, il fallait absolument y aller ».
S’engager dans une circonscription hors de France lui semblait évident, vivant lui-même à l’étranger « depuis toujours ». Né à Rome en Italie, Elias Forneris est aux États-Unis depuis vingt ans, dont six passés à New York, de l’École des Nations Unies à l’université Columbia. Aujourd’hui historien – il finit sa thèse à l’université de Cambridge sur les Français en exil pendant la Seconde guerre mondiale – et enseignant, il réside à Washington où sont installés ses parents. Famille et amis le soutiennent dans ses premiers pas en politique, même le petit frère de 21 ans mène la campagne depuis la France. « Tout le monde met la pain à la pâte », tous convaincus qu’il faut faire de la politique « autrement ».
« La France est en désordre, il y règne une grande insécurité et le pays n’est pas du tout au niveau qu’il mérite d’être, constate le jeune candidat, qui se revendique gaulliste. Or le déclassement de la France n’est pas une fatalité ». Il appelle à une politique économique de « bon sens » et à la reconstruction d’un grand parti de centre-droit, une droite classique. Il n’est pas le seul. Quand on lui demande pourquoi il n’a pas noué d’alliances avec d’autres partis de droite, notamment Les Républicains, il répond avoir été le premier à annoncer sa candidature. « On a proposé d’être stratégiques et de ne présenter qu’un seul candidat, mais les autres n’ont pas voulu. ». Il admet ne pas avoir eu de contact avec Olivier Piton, le candidat LR et du Nouveau Centre, et assure ne fermer la porte à personne. « On n’est pas contre Les républicains, on n’est pas en concurrence avec eux. Notre priorité est de battre le Front Populaire, le Rassemblement National et En Marche (NDLR Ensemble !, la majorité présidentielle). »
Avant d’évoquer ses propositions sur l’accès à la santé, l’éducation française ou encore la retraite, il tient à clarifier : « L’expression “Français de l’étranger” me gène, ça veut dire qu’il y a des Français de France et des Français qui ne sont pas de France. Ce n’est pas le cas. On devrait dire “Français à l’étranger”. On est viscéralement français, on reste attaché à la vie du pays ».
S’il est élu à l’Assemblée nationale, Elias Forneris s’engage à être un député de terrain, avec son suppléant, Cyril Moreau, installé depuis 16 ans en Californie, près de Los Angeles. Il devra concilier ses convictions écologiques – il appelle les électeurs à voter par internet pour éviter « l’immense gaspillage » des millions de bulletins en papier imprimés pour cette campagne – et la nécessité de prendre souvent l’avion pour aller à la rencontre de ses compatriotes aux États-Unis et au Canada, comme il l’envisage. Le candidat de Nouvelle Énergie promet, en tout cas, une autre façon d’exercer le pouvoir. « Je ne fais pas ça pour être ministre, un ministre distant, dit-il, taclant au passage le député sortant et membre du gouvernement Roland Lescure. Il faut changer la manière de faire de la politique. Pour la première fois, j’ai le sentiment qu’en me présentant, je peux faire quelque chose. Il faut être optimiste, il y a la possibilité de changer les choses. »