Depuis près de 15 ans, David Lang découvre et savoure le Québec au rythme des publications du magazine dont il anime les pages : Québec Le Mag. On l’a rencontré à Montréal juste avant qu’il monte dans le Transcanadien à la découverte des paysages qui habilleront le prochain numéro.
Avant de devenir rédacteur en chef de Québec Le Mag, David Lang travaillait chez France Territoires Magazine. “On faisait vraiment du magazine de territoires avec une mise en valeur des identités régionales (…) Ça marchait très fort en France dans les années 90”, raconte le Franco-Suisse, amoureux de Montréal, cette ville qui lui a tapé dans l’oeil. “J’ai pris une baffe absolue la première fois que je suis venu ici. Tout m’intriguait, je me disais : on est en Amérique mais ça parle français… Je me souviens encore du bruit des sirènes de camions de pompiers, tout me paraissait surréaliste !”, raconte celui qui n’était pas spécialement fan de l’Amérique du Nord au départ. “J’étais plutôt branché Asie et Afrique !”.
Et puis un jour, son “big boss” a eu l’idée de monter deux magazines un peu “exotiques” à l’époque : Terra Corsa et Au Québec. “Il a monté une équipe de pigistes québécois à Montréal et le premier numéro est sorti à l’été 2002. Au départ, c’était un regard québécois sur le Québec (…)”, rapporte le journaliste qui se souvient que le magazine français Québec Canada Grandeur Nature s’est arrêté juste avant la naissance de Québec Le Mag.
Comme cela arrive souvent dans la presse indépendante, le groupe France Territoires Magazine a finalement été dissout et racheté. David Lang a “suivi” la personne qui a décidé de reprendre les deux magazines dédiés à la Corse et au Québec. “Et puis je suis devenu le rédacteur en chef de Québec Le Mag en 2008. Du coup, je fais jusqu’à 8 voyages par an au Québec maintenant… J’ai un bilan carbone monstrueux ! (rires)”, lance David Lang qui vit toujours en France malgré son envie de s’établir au Québec. “À 4 reprises, j’ai essayé et au dernier moment, pour des histoires personnelles, cela ne s’est jamais fait”.
Une cote d’amour irrationnelle des Français pour le Québec
Un mal pour un bien pour cet explorateur des temps modernes qui prend un malin plaisir à sillonner la Belle Province de long en large. “Le fait que je vienne et revienne régulièrement me permet d’avoir des instantanés et de me rendre compte à quel point c’est en mouvement le Québec, et en particulier Montréal. Ça bouge tout le temps !”, confie celui qui a orienté sa ligne éditoriale pour présenter le Québec comme une destination touristique. Ses premiers partenaires ? Les régions touristiques, évidemment. “Récemment, on a lancé un jeu-concours avec Air Transat aussi pour faire gagner un voyage au Québec, ça marche super bien !”, rapporte David Lang avant d’ajouter que, chaque année, il prépare un hors-série de 180 pages environ. “Il est distribué gratuitement sur tous les grands salons de voyage, ça nous permet de rejoindre des nouveaux partenaires.”
Mais depuis peu, le rédac’ chef avoue s’être senti un peu à l’étroit. “D’abord parce que le monde touristique est un peu en bouleversement ces derniers temps au Québec. Et puis, on a vu notre lectorat évoluer aussi !”, confie David Lang qui compte des amoureux du “Québec éternel” parmi ses abonnés — notamment ceux qui découpent les photos du magazine pour les mettre sur leur frigo. “J’ai même eu des abonnés qui m’appelaient pour savoir si Garou était toujours avec Lorie (rires). Depuis longtemps, il y a une cote d’amour irrationnelle des Français pour le Québec qui est vraie !”, raconte David Lang qui a cherché à faire un “trait d’union” entre ce lectorat là et celui qui s’intéresse au Québec du point de vue de l’immigration, entre autres. “Depuis fin 2018, on a donc décidé de lancer un site internet qui concentre tout ce contenu touristique et on en profite pour y ajouter un peu de Québec contemporain dans le magazine aussi.”
Ce qu’on trouve dans le nouveau numéro papier de Québec Le Mag (vendu 6,95€) ? Quelques clichés sous forme de clins d’oeil comme ce bûcheron québécois en couverture (cf notre photo de Une). “On a aussi tout un dossier sur l’érable, certains trouveront ça un peu convenu sauf que l’érable aujourd’hui est en pleine effervescence”, estime le rédacteur en chef, également ravi d’emmener ses lecteurs là où ils n’ont pas forcément l’habitude d’aller, en témoigne le dossier consacré aux quartiers de Montréal. “On les sort du Plateau et du centre-ville !” Côté rédaction, David Lang travaille avec une dizaine de pigistes (français, en majorité) installés au Québec. Le magazine est distribué en France, en Suisse, en Belgique et au Québec avec quelques semaines de décalage puisque “c’est un magazine qui prend le bateau”.
Pour la suite ? Il espère avoir encore plus de lecteurs et plus d’abonnés. “On ne devient pas riche en faisant de la presse magazine, on le sait ! C’est déjà bien de faire survivre un titre de presse indépendant pendant plusieurs années”, lance David Lang qui espère que la nouvelle formule plaira autant que le site internet flambant neuf. “Après plus de 40 voyages à travers les régions et les saisons de la Belle Province, David Lang devance largement Jacques Cartier”, peut-on lire sur sa mini biographie. Et il n’est pas prêt de jeter l’ancre… Ni d’écrire son dernier mot.