Sentiment de sacrifice, solitude, perte du réseau familial, inadéquation du CV : les conjoint·es d’expats doivent faire face à de nombreux défis. On aurait tort de les minimiser. Comment rencontrer des gens ? Comment rebondir professionnellement quand les enfants rentrent de l’école en milieu d’après-midi ? Comment se faire connaître ? “En allant se faire voir”, d’après Christophe Verhelst, fondateur d’Immigration à la Carte et membre fondateur de Montréal Cowork.
Installé au Québec depuis 25 ans, il est lui-même reparti à zéro en arrivant à Montréal et a traversé les montagnes russes (émotionnelles) de l’expatriation.“Tout le monde doit réseauter surtout les conjoint·es d’expat. C’est une manière de sortir son épingle du jeu en arrivant au Québec. C’est comme ça que j’ai commencé !”, assure le Ch’tibécois habitué à livrer des conférences sur le sujet sous forme de 5@7 ou de pauses-café-déjeuner à Montréal Cowork.
D’après une enquête réalisée par Expat Communication en 2017, 49% des conjoints expatriés en recherche d’emploi affirment s’être sacrifiés pour leur conjoint. On y apprend aussi que 34% des conjoint·es ont mis 1 an et plus pour trouver un emploi. “Si, dans un couple, l’un des deux ne va pas bien : ça brasse, ça pète et ça repart en France. Parfois même c’est le divorce à la clef. Le risque dont il faut tenir compte c’est que l’un des deux se réalise mais pas l’autre”, raconte Christophe, parfois spectateur impuissant de cette triste réalité. Comment éviter cela ? En réseautant encore et toujours même là où on ne s’y attend pas car le réseau est partout.
“Bien souvent, les premières missions des conjoint·es d’expat c’est de s’occuper de la gestion du foyer, à commencer par les enfants en les emmenant à l’école ou au sport par exemple : c’est déjà du réseautage !”, lance l’expert qui invite les intéressé·es à sortir de leur zone de confort mais aussi et surtout de leur communauté (maudits Français !).
Cibler les endroits où réseauter et soigner son image virtuelle
“Les commencements ont des charmes inexprimables”, écrivait Molière et il en va de même pour un projet d’immigration. “Au début, c’est souvent formidable, rapidement la lune de miel s’ensuit. Mais vient un moment donné où on déchante, forcément. Dans les 6 premiers mois, si on n’a pas recréer son réseau, c’est difficile de rebondir”, prévient Christophe selon qui, il n’y a pas de secret : l’art du réseautage, c’est de cibler les endroits où réseauter. Sans oublier que les amis de nos amis peuvent devenir nos futurs employeurs. Pensez-y, d’autant que Montréal a la réputation d’être un petit village où tout se sait. “Si on veut trouver un emploi et se tenir avec des gens qui investissent, cela ne sert à rien de courir à droite à gauche, il faut sélectionner”.
Pour bien réseauter, rien de mieux que de suivre les événements organisés par les comités sectoriels, Infopresse, les Chambres de commerce, les Jeunes Chambres de commerce étrangères, les Ordres professionnels, entre autres et en fonction des ses intérêts personnels ou professionnels. Là encore, inutile de courir à tous les 5@7 de la métropole : choisissez vos batailles.
Autre astuce : soigner sa carte de visite virtuelle, à commencer par ses profils Facebook et LinkedIn (très populaire au Québec). “Mettez tous vos profils à jour dès maintenant ! Vous arrivez de l’étranger, vous ne connaissez personne : allez-vous faire voir, au sens propre. Faites des lunchs, des rencontres, du bénévolat, des formations en cours du soir et dites à votre conjoint·e de prendre soin des enfants s’il le faut, quitte à inverser les rôles”, explique Christophe qui invite les intéressés à être proactifs et à ne pas jouer les timides.
Dernière technique et non des moindres pour celles et ceux qui errent dans les espaces de coworking : ne jamais avoir son lunch (ou alors très rarement). C’est ce que fait le Chti’bécois qui se laisse la liberté de réseauter sur sa pause de midi. Prenez-en bonne note…
“En affaires, le Québec, ce n’est pas la France. Ici, tu peux rentrer facilement dans le bureau d’un·e président·e ou directeur/directrice d’entreprise et discuter avec lui/elle sans que ce soit étrange. Il faut profiter de cette facilité ! Quand on réseaute, il ne faut pas avoir peur de prendre les devants : qui ne tente rien n’a rien.”
Enfin, il y a évidemment des choses à ne (surtout) pas faire : tout comparer en permanence à son pays d’origine, s’auto-dénigrer en pensant qu’on n’y arrivera jamais ou, au contraire, paraître un peu prétentieux. “Il faut rester humble en tout temps et changer son état d’esprit. Tout est dans la tête”.
Si l’on s’aperçoit que son/sa conjoint·e va mal durant les premiers mois d’expatriation ? Il faut l’aider et réagir rapidement avant que cela dégénère. “Et cela passe par lui donner l’idée et l’opportunité de participer à des événements pour réseauter. Il faut que chacun se réalise sinon c’est difficile”, confie enfin l’entrepreneur français, toujours prêt à aider.
La prochaine conférence intitulée “Comment tirer son épingle du jeu en arrivant au Québec?” aura lieu le 29 août dès 18h au Montréal Cowork.